Seize personnalités issues du monde intellectuel ont signé une tribune pour dénoncer « les dérives » des putschistes militaires au pouvoir au Mali, les appelant à « restaurer l’ordre constitutionnel » et organiser « des élections libres et crédibles », rapportent des médias.
Des intellectuels, parmi lesquels figurent des écrivains, des juristes, des économistes et des sociologues, ont signé cette tribune, rendue publique mercredi, dans laquelle « ils appellent solennellement à la préservation de la République et à la sauvegarde des droits fondamentaux ».
Cette initiative intervient dans un contexte de crise politique née de la dissolution par la junte de toutes les formations politiques le 10 mai et de la répression du mouvement pro-démocratie qui s’était amorcé au début du mois.
Parmi les signataires figurent un ancien ministre et plusieurs membres de partis aujourd’hui dissous.
La plupart n’ont jamais exercé de fonction politique, mais tous partagent une même inquiétude face à ce qu’ils perçoivent comme « une dérive autoritaire du pouvoir de transition ».
Les auteurs de la tribune dénoncent « des violations régulières de l’Etat de droit sous le régime de transition militaire en place depuis 2021 ».
Ils alertent aussi sur l’arbitraire croissant, les arrestations ciblées, la censure des voix critiques et la disparition progressive des libertés fondamentales: « La loi du plus fort prévaut de plus en plus », écrivent-ils, regrettant « une absence manifeste de volonté des autorités de mettre fin au régime d’exception par des élections libres et crédibles ».
De plus, les signataires rappellent que la Constitution malienne du 22 juillet 2023, « pourtant jurée par le président de la Transition », le général Assimi Goita, garantit les libertés d’expression, de manifestation et de participation politique.
En dépit de ces garanties, ils dénoncent l' »abrogation de la Charte des partis politiques, la dissolution de ceux-ci, et la criminalisation des opposants au régime ».
Face à cette situation, ils appellent à « un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la libération de tous les prisonniers d’opinion, l’instauration d’un dialogue politique constructif, la définition d’un calendrier électoral pour une présidentielle et des législatives dans les plus brefs délais ».
Ils réclament aussi « le respect des engagements constitutionnels et des traités internationaux ratifiés par le Mali et l’instauration d’une justice indépendante, crédible et équitable ».
Par ailleurs, les auteurs du texte affirment leur refus de rester indifférents, ce qu’ils considèrent comme « une forme de complicité face aux dérives du pouvoir actuel ».
Et ils concluent leur appel en évoquant « leur devoir citoyen de participer à la défense des principes démocratiques, et de lutter contre la banalisation de la terreur et de la misère dans leur pays ».
Pour rappel, l’abrogation de la Charte des partis et l’octroi d’un mandat présidentiel de cinq ans sans élections au chef putschiste Assimi Goita, ont plongé le pays dans une grave crise politique marquée par un mouvement de contestation inédit qui réclame, notamment, le retour à l’ordre constitutionnel et l’organisation d’élections.