élève martyr a été brulé vif dans la nuit du 26 au 27 mars 1956 : Madjid Brahmi, symbole de la grève des étudiants

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Madjid Brahmi, 17 ans, pensionnaire du Collège moderne de Bejaia (actuellement lycée Ibn Sina) en classe de terminal, a fait figure de catalyseur de la révolte estudiantine et lycéenne, à Bejaia, le 19 mai 1956.

Son martyr, quelques semaines auparavant, a frappé et nourri le ressentiment de ses camarades proches ou d’ailleurs, arrivés à se convaincre, qu’hors du combat armé, il n’y avait pas d’issue salvatrice, et pour eux et pour le pays.
L’élève martyr a été brulé vif dans la nuit du 26 au 27 mars 1956, au cours d’une attaque incendiaire qui a visé la demeure familiale et tout le village de Bouberka dans la région de Toudja, à 30 km au nord de Bejaia, faisant éclater une révolte juvénile sans répit jusqu’à l’indépendance.
Madjid se trouvait en vacances dans son village lorsqu’il a été pris par l’attaque d’un détachement de l’armée coloniale, qui y avait pris pied, à la recherche d’éventuels moudjahidine s’y abritant. Dans sa liste, figurait, en gras, le patronyme du Moudjahid Debbouz Arab, un baroudeur de la wilaya III historique, qui leur a fait voir de toutes les couleurs.

Frustrés de ne pas le débusquer, ni même avoir des renseignements le concernant, les soldats français, conduits par un officier répondant au nom de Sunsik, se sont résolus à mettre le feu au village, tuant dans des conditions atroces, Fadhma Debbouz, l’épouse d’Arab, enceinte et âgée à peine de 20 ans, tombée au champs d’honneur après avoir été aspergée d’essence et brulée vive. Le drame s’était déroulé sous les yeux horrifiés du mari qui suivait, à partir d’une cachette, la cruelle et insupportable mise à mort.
« C’était l’horreur absolue », se souvient encore Meddour Abdelkader, âgé de 10 ans à l’époque, et témoin du martyr à la fois de son père, son cousin et son oncle maternel, tous trois tombés au champs d’honneur, après avoir été mitraillés sans raison alors qu’ils rentraient des champs.

Il a aussi vu tomber en martyres Hafid Debbouz, frère d’Arab, et sa fille, exécutés pareillement avec la même haine. Au moins 14 personnes sont tombées au champs d’honneur, soit directement passées par les armes ou brulées dans leurs maisons, à l’instar de la famille Brahmi qui, outre Madjid, a perdu Brahim, son père, Said, son frère, Melaâz et Saliha, ses sœurs, au bout de trois heures d’une débauche de violence sans pareil qualifiée d' »enfer » par Meddour Abdelkader, qui en garde les séquelles des traumatismes à ce jour.
Debbouz Arab est sorti de son refuge et est allé abattre le chef du détachement militaire français, touché en plein poitrine, dans la noirceur de la nuit. Il s’en est affalé sur le champ. Son élimination a immédiatement provoqué une riposte de l’armée coloniale qui, en quelques heures, a bouclé et bombardé toute la région avec toutes sortes d’armes, même avec du napalm. A la fin des vacances, les élèves, échaudés par ces crimes, n’avaient plus le cœur à poursuivre leurs études et, spontanément, ont rejoint le Révolution par cohortes, répondant à l’appel du Front de libération nationale, convaincus qu’avec plus de diplômes, ils ne feraient pas de meilleurs cadavres.

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