Plusieurs cas d’enlèvements et d’agressions d’hommes politiques, opposés aux autorités militaires de transition au Mali, ont eu lieu au cours de ces dernières 48 heures alors que le pays est secoué par un mouvement de contestation inédit qui réclame notamment le retour à l’ordre constitutionnel à Bamako.
A l’origine de la crise que traverse le Mali, la décision prise mercredi par les autorités militaires en place de suspendre toutes les activités politiques dans le pays et d’octroyer un mandat présidentiel de cinq ans sans élections au président de la transition, le général Assimi Goïta.
Et pour couper le mouvement de contestation et étouffer toute voix dissidente, le régime putschiste a eu recours ces derniers jours à des enlèvements et des agressions d’hommes politiques, rapportent plusieurs médias.
Ces sources citent notamment El-Bachir Thiam, jeune militant du parti Yelema, enlevé jeudi à Kati, ville-garnison proche de Bamako et fief des militaires au pouvoir.
Ce dernier avait organisé mercredi peu avant la suspension des activités politiques dans le pays, une réunion avec des femmes de Kati sur le respect des droits et de la Constitution au cours de laquelle il a dénoncé ce qu’il appelle une « Transition infinie ».
Le même jour, c’est Alhassane Abba, secrétaire général du parti Codem et vice-président de la coalition d’opposition Jigiya Kura-Espérance nouvelle, qui a été enlevé à son domicile à Bamako.
L’ancien député de Goundam (région de Tombouctou) est réputé pour son franc-parler.
Il fait partie des rares figures politiques à avoir continué de plaider régulièrement pour le retour à l’ordre constitutionnel dans les médias maliens.
L’enlèvement de ces deux hommes politiques a été rapporté également par l’ONG Human Rights Watch (HRW) qui a dénoncé « la disparition de deux opposants » qui, selon elle, font partie des formations politiques qui tentent depuis plusieurs semaines de faire entendre leur voix face à la junte d’Assimi Goïta.
En outre, deux autres tentatives d’enlèvements ont eu lieu vendredi, jour où était prévu un rassemblement des partis politiques engagés pour la défense de la Constitution malienne, mais qui a été reporté par ces derniers à une « prochaine date » en raison, selon eux, d' »appels à la violence » et « des menaces » proférés par les putschistes.
Il s’agit de Baïssa Koné, président du parti VNDA et membre de la coalition Jigiya Kura et Ibrahima Tamega, membre du parti La Convergence et du Collectif des jeunes pour la démocratie, figure montante de la contestation.
En réaction aux troubles qui secouent le Mali, le président du parti Jeunesse et alternance (PJA), Hamady Sangaré, a déploré que « depuis quelques jours, la rhétorique guerrière et les menaces de mort fusent de partout sur les réseaux sociaux entre les fils d’un même pays ».