France : des journalistes sahraouis agressés par des Marocains lors dune marche à Béziers

dknews
12 Min Read

L’agence d’information sahraouie Equipe Media a dénoncé, avec « vigueur », l’agression dont ont été victimes mardi ses reporters, Mohamed Limam Bah et Brahim Laajiel, par des Marocains lors du passage à Béziers (sud de la France) de la « marche de la liberté », pour réclamer la libération des prisonniers politiques sahraouis dans les geôles marocaines.
« Mardi à Béziers, une manifestation pacifique en soutien aux prisonniers politiques sahraouis a été le théâtre d’actes inacceptables », a dénoncé l’agence dans un communiqué.
Selon Equipe Media, ses reporters Mohamed Limam Bah et Brahim Laajiel, qui accompagnaient la défenseure des droits de l’homme, Claude Mangin, « ont été pris pour cible par des individus hostiles, vraisemblablement d’origine marocaine ».
Les deux journalistes sahraouis « ont subi un véritable harcèlement : insultes, menaces et une tentative flagrante de diffamation en ligne ».
L’un des agresseurs, a-t-elle poursuivi, « a même filmé en direct sur les réseaux sociaux Mohamed Limam Bah, dans le but manifeste de nuire à sa réputation et d’inciter à la haine ».
« Equipe Media dénonce avec la plus grande vigueur ces agissements abjects », a-t-elle affirmé, relevant que ceux-ci « constituent une violation flagrante de la liberté de la presse, ainsi qu’une atteinte intolérable à la dignité et à la sécurité des journalistes ».
« La diffusion malveillante d’images dans le seul but de diffamer est une pratique abjecte, contraire à toute éthique journalistique et aux droits fondamentaux », a-t-elle insisté.
Qualifiant la situation d' »alarmante », Equipe Media a exigé « l’ouverture immédiate d’une enquête par les autorités françaises afin d’identifier et de traduire en justice les auteurs de ces actes répréhensibles » et « le retrait, sans délai, des vidéos diffamatoires » circulant sur les plateformes numériques.
L’agence sahraouie a exigé également « des garanties concrètes pour la protection de l’ensemble des journalistes et des manifestants pacifiques », alertant les réseaux sociaux sur « leur responsabilité cruciale dans la modération des contenus haineux et diffamatoires ».
« La liberté d’informer, pilier essentiel de toute démocratie, ne saurait être étouffée par l’intimidation et la désinformation », a-t-elle souligné, réaffirmant sa « détermination inébranlable à informer en toute indépendance ».

Les juridictions internationales doivent accentuer la pression sur le Makhzen pour libérer les détenus sahraouis (avocate)

L’avocate française spécialisée en droit international, Ingrid Metton a de nouveau dénoncé la détention arbitraire des militants sahraouis du groupe Gdeim Izik par le régime du Makhzen, appelant les juridictions internationales compétentes à accentuer leur pression sur Rabat en vue de les libérer sans délai.
« En tant qu’avocate, je peux affirmer qu’ils ont été tous condamnés sans aucune preuve », a déclaré Me Metton aux médias en marge de sa participation à la marche internationale pour la liberté des détenus sahraouis dans les prisons marocaines, arrivée mardi à Béziers (France).
La juriste a fait remarquer, à ce propos, qu' »en droit pénal, que ce soit en France, au Maroc ou ailleurs, pour condamner des personnes notamment pour des crimes, il faut des preuves et il faut prouver que les personnes ont l’intention de commettre des faits », soulignant que « durant le procès des détenus sahraouis de Gdeim Izik devant la Cour d’appel de Rabat, qui a duré six mois, il n’y avait aucune preuve ».
« J’ai pu constater dès le premier jour qu’il n’y avait aucune preuve.
Il n’y avait pas d’armes, il n’y avait pas le bon nombre de soi-disant victimes », a-t-elle encore déclaré, affirmant que « les prétendus aveux avancés par la défense marocaine ont été obtenus sous la torture ».
Elle a rappelé, à ce sujet, que « le Comité des Nations Unies contre la torture avait reconnu dans son rapport le recours des autorités marocaines à la torture des détenus sahraouis », affirmant que durant les six mois du procès, « tout ce que le Maroc voulait faire était de monter une histoire pour légitimer le démantèlement extrêmement violent du camp de Gdeim Izik pour étouffer et effacer les morts et blessés du côté sahraoui et trouver des coupables ».
Selon la juriste, ce qui confirme cela, c’est l’attitude du président de la Cour de Rabat qui a demandé son expulsion de la salle des plaidoiries parce qu’elle voulait apporter des contre-expertises.
« J’ai été expulsée moi-même de la salle le jour où j’ai voulu apporter des contre-expertises démontrant que les militants sahraouis avaient été torturés.
Cette vérité était tellement insupportable pour la justice marocaine que le président a préféré suspendre la séance et m’expulser », s’est-elle rappelée.
Soulignant que ce comportement est condamné par le droit international et toutes les lois reconnues en la matière, Mme Metton a appelé les juridictions internationales compétentes à exercer une pression sur le Maroc pour revenir sur ses décisions.
Abordant, par ailleurs, le statut juridique du Sahara occidental, la défenseure des causes justes a souligné que ce dernier est considéré, selon le droit international, comme étant un territoire occupé et donc les règles du droit humanitaire international doivent y être appliquées.
« Le Maroc n’a aucune autorité sur ce territoire.
Les Nations unies tiennent pour l’heure compte de cela à travers notamment leur Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation », a-t-elle affirmé, appelant l’ONU à accentuer sa pression sur le Maroc pour se conformer à la légalité internationale.
A cet égard, la juriste a noté que la marche internationale pour la liberté des détenus sahraouis, initiée par la militante des droits de l’homme Claude Mangin et un groupe de militants solidaires de la cause sahraouie, est de nature à faire avancer le combat pour l’indépendance du peuple sahraoui et le recouvrement de tous ses droits légitimes.

Démolition d’habitations à Laâyoune occupée: la communauté internationale appelée à protéger le peuple sahraoui

L’Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme commises par l’Etat marocain (ASVDH) a dénoncé la démolition par les autorités d’occupation marocaines des habitations de nombreux citoyens sahraouis dans la région d’Azmeilat el-Guezlan, à la périphérie de la ville de Lâayoune occupée, appelant la communauté internationale à intervenir pour protéger la population sahraouie de cette « politique de punition collective ».
Qualifiant cette opération de « crime prémédité », l’ASVDH a souligné, dans un communiqué mardi, que cette démolition est une « violation flagrante » des instruments du droit international dont « la quatrième Convention de Genève, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention de La Haye et le Droit international coutumier, tel qu’interprété par le Comité international de la Croix-Rouge ».
Ces démolitions ne sont « pas des incidents isolés », mais font plutôt partie d’une « stratégie systématique de déplacement forcé », dont l’objectif est de « modifier la composition démographique du territoire » et de « faciliter les projets d’implantation des colons marocains » dans le cadre d’un processus qui vise « l’annexion illégale des terres sahraouies », a-t-elle souligné.
L’association a rappelé, dans ce contexte, que le Sahara occidental est un territoire non autonome, en attente de décolonisation et reconnu comme tel par l’Assemblée générale des Nations unies.
Par conséquent, « la présence du Maroc dans la région constitue une occupation militaire illégale de laquelle découle des obligations juridiques internationales, notamment la protection de la population civile », a-t-elle ajouté.
L’ASVDH tient, à cet égard, l’occupant marocain pour « responsable de ces graves violations » et appelle instamment la communauté internationale, notamment les Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge, à « intervenir immédiatement » pour « protéger la population sahraouie de cette politique de punition collective ».
« Nous appelons les organisations internationales à agir maintenant, avant que les dommages ne deviennent irréversibles », a conclu le communiqué.
Plusieurs médias sahraouis ont dénoncé, lundi, des opérations de démolition et de destruction des biens appartenant à des citoyens sahraouis dans la région d’Azmeilat el-Guezlan, soutenant que ces opérations visent à « restreindre » et à « étouffer les Sahraouis » pour les « contraindre à accepter la politique de colonisation ».

Un prisonnier politique sahraoui en grève de la faim pour dénoncer des années de violences dans les geôles marocaines

Le prisonnier politique sahraoui Hassan Dah, membre du groupe Gdeim Izik, a entamé une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements, les violences verbales et les tortures qu’il subit dans la prison marocaine de Kénitra, ont affirmé des membres de sa famille à des défenseurs sahraouis des droits de l’homme.
Selon la même source, la décision d’observer une grève de la faim a été prise par ce prisonnier sahraoui suite à l’harcèlement systématique des responsables de la prison, qui comprend des injures répétées et un harcèlement psychologique.
La famille du détenu a confirmé, en effet, que Hassan Dah, victime de tortures physiques et psychologiques, a été placé, à plusieurs reprises, à l’isolement.
L’épisode le plus grave étant celui de décembre 2024, lorsqu’il est resté ligoté, enchaîné, sans vêtements et suspendu pendant les froides nuits d’hiver pendant neuf jours.
En plus des violences physiques et verbales, la direction de la prison entrave délibérément les études universitaires de Hassan Dah, alors qu’il travaille actuellement sur une thèse de doctorat en droit international et relations internationales, ajoute sa famille.
Une pratique devenue monnaie courante dans les geôles marocaines où les prisonniers sahraouis n’ont pas accès aux livres et sont constamment harcelés pour entraver leur parcours académique.
Une violation flagrante des conventions internationales sur les droits des prisonniers, qui garantissent, pourtant, le droit à la formation et à l’éducation continue.
Le prisonnier politique Hassan Dah n’est pas un cas isolé.
Il fait partie d’une longue liste de prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik, emprisonnés après le démantèlement violent du camp de protestation pacifique en 2010, et condamnés par la justice marocaine lors de procès inéquitables, dénoncés par les organisations internationales pour leur manque de garanties et leur utilisation d’aveux extorqués sous la torture.
La communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé à plusieurs reprises la situation inhumaine dans laquelle sont détenus les prisonniers sahraouis, notamment dans des prisons comme celle de Kénitra, où les droits fondamentaux, politiques et humains sont systématiquement violés.

Share This Article
Leave a Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *