Face à une vague de hausses de droits de douane décidée par Washington, partenaires commerciaux et marchés financiers réagissent avec inquiétude, entre condamnations fermes et stratégies d’adaptation.
L’annonce tonitruante du président américain Donald Trump d’imposer de nouveaux droits de douane massifs sur toutes les importations vers les États-Unis a fait l’effet d’une déflagration à l’échelle mondiale.
Présentée par la Maison-Blanche comme une « déclaration d’indépendance économique », cette mesure protectionniste sans précédent depuis les années 1930 provoque un tollé parmi les partenaires commerciaux de Washington et une onde de choc sur les marchés financiers.
À partir du 5 avril, un droit de douane généralisé de 10 % frappera l’ensemble des produits entrant aux États-Unis.
Dès le 9 avril, des surtaxes plus lourdes seront appliquées aux pays considérés comme « hostiles » en matière commerciale.
La Chine, cible principale de cette offensive, se voit infliger une taxe supplémentaire de 34 %, s’ajoutant aux 20 % déjà en vigueur.
L’Union européenne est également visée, avec un taux de 20 %, tandis que le Japon (24 %), l’Inde (26 %), la Suisse (31 %) et le Vietnam (46 %) subissent des hausses particulièrement sévères.
Colère en Europe, inquiétude en Asie
Les réactions n’ont pas tardé.
L’Union européenne, par la voix de sa présidente Ursula von der Leyen, a dénoncé « un coup dur pour l’économie mondiale » et envisage des contre-mesures tout en se disant ouverte au dialogue.
La France qualifie la décision de « brutale et infondée », appelant même à suspendre les investissements américains en Europe jusqu’à nouvel ordre.
L’Allemagne et l’Italie plaident pour une solution négociée afin d’éviter une escalade commerciale.
En Asie, les pays adoptent une posture plus prudente.
L’Inde et le Vietnam, bien qu’impactés par les surtaxes, cherchent à identifier des opportunités dans le nouvel équilibre des échanges.
Le Bangladesh et le Cambodge, fortement dépendants de leurs exportations textiles, redoutent des conséquences lourdes sur leur économie.
Appels au calme et ripostes modérées
Le Royaume-Uni et le Danemark ont réagi en appelant à une réponse modérée, soulignant la nécessité de préserver un climat commercial stable.
Le Canada et l’Australie, en revanche, envisagent déjà des mesures de rétorsion.
Le Mexique et le Brésil, quant à eux, privilégient pour l’instant une voie diplomatique, évitant toute action précipitée.
Marchés en chute, économie mondiale en alerte
La décision américaine a immédiatement secoué les marchés : les bourses ont plongé, le dollar s’est affaibli et les cours du pétrole ont chuté.
Seul l’or, valeur refuge, a connu une embellie.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) anticipe une baisse de 1 % du commerce mondial en volume cette année, soulignant les risques que fait peser cette politique sur la croissance globale.
Un tournant économique aux conséquences incertaines
Par cette initiative, Donald Trump entend redéfinir les règles du commerce international au nom de la souveraineté économique des États-Unis.
Mais au prix d’un isolement croissant et d’un climat commercial fragilisé.
À l’heure où le monde s’efforce de rebâtir un équilibre économique post-crise, cette démarche unilatérale pourrait bien ouvrir une nouvelle ère d’incertitudes et de tensions.
ABED MEGHIT