Le Programme alimentaire mondial de l’ONU s’est dit mardi « préoccupé » par la pénurie de nourriture à Goma après l’interruption de ses activités dans cette grande ville de l’est de la République démocratique du Congo, en proie à de violents combats.
« Les activités d’assistance alimentaire dans Goma et ses environs ont été temporairement interrompue », a déclaré une porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) en RDC, Shelley Thakral, depuis Kinshasa.
« Le PAM est préoccupé par la pénurie alimentaire à Goma », a-t-elle indiqué, en s’adressant aux journalistes à Genève. Goma est livrée aux combats entre forces armées congolaises et rebelles du M23 qui est entré dimanche soir dans la cité de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés, au terme d’une progression éclair de quelques semaines.
« En fonction de la durée des violences, l’approvisionnement en nourriture de la ville pourrait donc être gravement entravé. Il s’agit d’un test énorme pour la résilience des Congolais piégés par les combats à Goma et dans les régions avoisinantes », a indiqué Mme Thakral.
« Les prochaines 24 heures seront cruciales car les gens commencent à manquer de provisions et devront voir ce qu’ils peuvent trouver pour survivre », a-t-elle relevé. « Un demi-million de personnes de plus ont été déplacées rien que ce mois-ci », a indiqué le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, mardi sur les réseaux sociaux.
L’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) suit « également de près les mouvements transfrontaliers. Nous comprenons que de nombreuses personnes attendent d’évaluer la situation avant de prendre une décision », a indiqué un porte-parole du HCR, Matthew Saltmarsh, lors du point de presse.
Quatre soldats sud-africains tués
Quatre nouveaux soldats sud-africains ont été tués dans des combats dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont indiqué mardi les forces armées sud-africaines, portant à 13 le bilan de militaires sud-africain morts en moins d’une semaine.
« Les rebelles du M23 ont lancé une bombe de mortier en direction de l’aéroport de Goma, qui a atterri dans la base de la SANDF (armée sud-africaine), ce qui a entraîné la perte de trois membres de la SANDF », a précisé l’armée dans un communiqué.
Elle a également ajouté « qu’un de ses membres, blessé au cours des combats avec les rebelles du M23 ces trois derniers jours, a succombé à ses blessures ». Samedi, les forces armées avaient annoncé que neuf soldats sud-africains, dont deux membres de la force de maintien de la paix de l’ONU (Monusco), avaient été tués la veille lors d’affrontements avec les forces du M23. Les rebelles du groupe armée M23 sont entrés dimanche soir dans Goma, cité de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés, au terme d’une progression éclair de quelques semaines.
L’Afrique du Sud a également déployé des troupes au sein d’une force régionale envoyée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Malgré les pertes subies, l’armée sud-africaine a indiqué rester « pleinement engagée dans ses responsabilités de maintien de la paix » dans l’est de la RDC.
La présidence sud-africaine a indiqué lundi en fin de journée sur les réseaux sociaux que Cyril Ramaphosa et son homologue rwandais Paul Kagame avaient discuté des « récents développements dans l’est de la RDC et de l’escalade des combats qui ont entraîné la mort de soldats de la paix ».
« Les deux chefs d’Etat ont convenu de la nécessité urgente d’un cessez-le-feu et de la reprise des pourparlers de paix par toutes les parties au conflit », a indiqué la présidence.
Un sommet doit réunir mercredi les chefs d’Etat rwandais et congolais pour tenter d’apaiser les tensions, selon la présidence kényane.
L’ONU, très inquiète pour les civils à Goma, se concentre sur leur protection
La situation humanitaire à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) où des combats font rage, est « extrêmement inquiétante », a alerté lundi l’ONU, qui concentre désormais ses missions sur la protection des civils qui « paient le prix le plus élevé ».
« La situation humanitaire dans et autour de Goma est extrêmement, extrêmement inquiétante, avec un nouveau seuil de violence et de souffrances atteint aujourd’hui avec des zones de combats actifs dans tous les quartiers de la ville », a déclaré par vidéo lors d’une conférence de presse Bruno Lemarquis, coordinateur humanitaire de l’ONU pour la RDC.
Il a notamment décrit la situation « chaotique » sur le terrain, avec des tirs d’artillerie dans le centre-ville de Goma où les combats se poursuivent entre les forces congolaises et le groupe armé du M23.
« Des centaines de milliers de personnes tentent de fuir les violences, y compris à Goma, ville d’un million d’habitants auxquels s’ajoutent 700.000 déplacés vivant dans les alentours de la ville dans des conditions difficiles », a-t-il ajouté, évoquant les coupures d’électricité, d’eau et d’internet, ainsi que des hôpitaux « dépassés » par l’arrivée des blessés.
Et cette offensive du M23 à Goma intervient alors que la région vit déjà « l’une des crises humanitaires les plus longues, complexe et grave de la planète », avec près de 6,5 millions de déplacés dans le pays, dont 3 millions dans le Nord-Kivu, a-t-il alerté.
Dans ces conditions, l’ONU a commencé l’évacuation de son personnel civil non essentiel de Goma vers Kinshasa et la base d’Entebbe, en Ouganda, par la route et les airs.
« Nous devons nous concentrer sur un objectif immédiat qui est un arrêt des hostilités à Goma et la protection des vies », celles des millions de civils et du personnel de l’ONU, a insisté de son côté le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU Jean-Pierre Lacroix lors de cette conférence de presse.
« Les priorités sont d’abord de protéger nos collègues des Nations unies » et les différentes installations de la Monusco dans lesquelles « de très nombreuses personnes ont trouvé refuge », « à la fois des civils et des combattants désarmés », a-t-il ajouté.