La Cour constitutionnelle sud-coréenne tient lundi une première réunion pour discuter du calendrier de la procédure de destitution de Yoon Suk Yeol, président déchu par le Parlement pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale.
La Cour constitutionnelle a environ six mois pour se prononcer sur la validité de la motion de destitution adoptée samedi soir par les députés, qui ont ainsi suspendu le dirigeant de 63 ans et sanctionné la brève loi martiale de la nuit du 3 au 4 décembre. Si elle la confirme, M. Yoon sera déposé et une élection présidentielle devra être tenue dans les deux mois. Le vainqueur serait investi dès le lendemain du résultat, sans l’habituelle période de transition. Pendant ce laps de temps de huit mois maximum, le Premier ministre Han Duck-soo assurera l’intérim. Il s’est engagé à faire tout son possible pour garantir une « gouvernance stable ». Le président de la Cour, Moon Hyung-bae, a promis peu après le vote une « procédure rapide et juste ».
La Cour constitutionnelle compte normalement neuf juges mais trois ont pris leur retraite en octobre sans être remplacés, en raison du blocage politique dans le pays. Six voix étant requises pour entériner une destitution, un jugement unanime sera nécessaire pour démettre Yoon Suk Yeol. Le chef de son Parti du pouvoir au peuple (PPP), Han Dong-hoon, a annoncé sa démission lundi lors d’une conférence de presse, présentant ses « sincères excuses à tous ceux qui ont souffert en raison de la loi martiale ». M. Yoon avait justifié son activation par sa volonté d' »éliminer les éléments hostiles à l’Etat », suggérant que le système électoral du pays était vulnérable aux ingérences étrangères. Yoon Suk Yeol est par ailleurs sous le coup d’une enquête pénale pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort, et n’a plus le droit de quitter le pays.
Il a « refusé » de se présenter dimanche à la justice, les procureurs ayant annoncé qu’ils le convoqueraient une deuxième fois. Dans une procédure distincte, une équipe d’enquêteurs de la police, de l’agence anticorruption et du ministère de la Défense cherche aussi à interroger M. Yoon, d’après l’agence Yonhap. Si la destitution de Yoon Suk Yeol était confirmée, il deviendrait le deuxième président sud-coréen officiellement démis de ses fonctions. Pour Park Geun-hye, tombée en premier pour corruption en 2017, la Cour avait entériné la décision du Parlement 92 jours après son vote. Il existe cependant un précédent inverse. En mars 2004, les députés avaient également adopté une motion de destitution contre Roh Moo-hyun, mais elle a été invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle.