L’Observatoire internationale de surveillance des ressources naturelles du Sahara occidental, Western Sahara Resource Watch (WSRW), a mis en garde contre « les risques juridiques et de réputation » pour les multinationales qui auraient manifesté leur intérêt de participer au projet marocain de transport de l’énergie produite au Sahara Occidental occupé vers le Maroc.
Dans des lettres adressées à ces multinationales, l’ONG rappelle que le Sahara Occidental est considéré par l’ONU comme « un territoire non autonome sans puissance administrante en place », et que la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé la revendication du Maroc sur le territoire « nulle et non avenue », des conclusions reprises dans un corpus de jurisprudence de l’UE qui s’est développé au cours de la dernière décennie.
En effet, la plus haute cour de l’UE a conclu que le Sahara Occidental est « séparé et distinct » du Maroc, et que le Maroc n’a aucune souveraineté ni mandat d’administration sur le territoire, souligne l’Observatoire. Par conséquent, poursuit-il, la Cour a annulé l’application des accords commerciaux, de pêche et d’aviation UE-Maroc au Sahara Occidental, car appliqués au territoire « sans le consentement du peuple sahraoui, corolaire de son droit à l’autodétermination ». WSRW met l’accent, à ce titre, sur les précisions apportées par la Cour de justice de l’UE qui relevé l’existence d’une différence entre le peuple et la population du territoire.
« Les droits souverains sur le territoire – y compris le droit de consentir et, en second lieu, le droit de bénéficier – appartiennent au peuple du territoire, ceux qui détiennent le droit à l’autodétermination. Une majorité de la population a fui le territoire après l’invasion et l’annexion par le Maroc, et les colons marocains constituent aujourd’hui la majorité de la population – la population locale – résidant sur le territoire », affirme l’ONG.
La Cour a reconnu, en outre, que le Front Polisario, représentant du peuple du Sahara Occidental à l’ONU, était habilité à porter des affaires au nom du peuple sahraoui devant les tribunaux de l’UE, ajoute encore cette organisation. L’Office national de l’électricité du Maroc (ONEE) avait lancé un avis d’appel d’offres pour l’ingénierie, l’approvisionnement et la réalisation d’un projet de ligne électrique de 3 GW qui transportera vers le Maroc l’énergie produite au Sahara Occidental occupé.
Le projet comprend une ligne de transmission de 1400 km de long qui reliera Dakhla, située le long de la côte du Sahara Occidental occupé, à Casablanca, la plus grande ville du Maroc et son centre économique et commercial. Le plan initial, dont WSRW a fait état en novembre dernier, prévoyait que le transport de la moitié de la capacité envisagée, soit 1500 MW, devrait être possible en 2026, tandis que la seconde moitié devrait être opérationnelle en 2028.
L’appel d’offres était ouvert aux candidats jusqu’au 12 novembre 2024. Cependant, à cette date, l’échéance avait été reportée 6 fois cette année, faute de candidats à la réalisation de la dite « autoroute électrique ». « Ce giga-câble est un problème majeur pour les droits légitimes des Sahraouis. Ils ne veulent clairement pas qu’il soit construit, car cela conduirait le Maroc à devenir encore plus dépendant de l’énergie produite sur leur territoire », déclare Sara Eyckmans de WSRW. Selon Sara Eyckmans, « les entreprises qui cherchent à s’impliquer dans des projets marocains au Sahara Occidental occupé doivent être conscientes des risques juridiques potentiels et de réputation liés à de telles opérations ». Elle a estimé également que « cela constitue un défi pour les Etats qui envisagent de s’associer au secteur énergétique marocain, mais veulent éviter de s’emmêler dans l’occupation marocaine en violation du droit international ».
Cinquantenaire de l’UNFS : appel à renforcer l’unité nationale sahraouie et engagement de la femme dans le combat de libération et d’édification
Les participantes aux festivités célébrant le 50ème anniversaire de la création de l’Union nationale des femmes sahraouies (UNFS) ont appelé, jeudi au camp de Boudjedour des réfugiés sahraouis, à la consolidation de l’unité nationale sahraouie chez les femmes sahraouies et à l’engagement de celles-ci à poursuivre le combat de libération et d’édification.
Lors de ces festivités, auxquelles a assisté le président sahraoui, secrétaire général du front Polisario, Brahim Ghali, les membres du gouvernement sahraoui, ainsi que des délégations féminines d’Espagne, du Brésil, d’Allemagne, du Portugal, de la Tanzanie, du Zimbabwe, de la Mauritanie et d’Algérie, représentée par l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA), les participantes ont réitéré leur soutien à la lutte de la femme sahraouie, et à travers elle au peuple sahraoui, pour leur droit à l’autodétermination et l’indépendance.
Dans une déclaration à l’APS, la secrétaire générale de l’UNFS, Chaba Sini, a indiqué que l’Union nationale des femmes sahraouies est parvenue, en adoptant une diplomatie populaire réussie, à obtenir une représentation au sein d’organisations internationales, dont l’Union des femmes africaines, la marche mondiale des femmes, en plus d’un poste de membre au sein de l’Union des femmes démocratiques socialistes et au sein d’autres alliances.
L’objectif de l’UNFS demeure le plaidoyer en faveur de la cause sahraouie juste et de la femme sahraouie qui reste engagée dans le combat pour la libération et l’édification, aux cotés de son compatriote, a-t-elle ajouté. Pour Mme Sini, la célébration du 50èmme anniversaire de l’UNFS constitue une étape de la résistance de la femme sahraouie, et que la participation de femmes solidaires issues de différentes régions du monde permet un cadre d’échange d’expériences avec la femme sahraouie.
Ces festivités, poursuit-elle, envoient un nouveau message aux femmes du monde rappelant qu’il existe une femme militante, combattante et résistante à l’occupation dans les territoires occupés par le Maroc, accompagnée par l’autre femme sahraouie dans les camps de la fierté et de la dignité dans son combat pour l’édification des structures de l’Etat sahraoui et du front Polisario.
De son côté, la secrétaire générale de l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA), Nouria Hafsi, a indiqué à l’APS que le cinquantenaire de l’Union des femmes sahraouies constitue une halte pour passer en revue ses réalisations et une occasion de se projeter sur l’avenir avec plus de détermination et d’engagement pour la libération de son pays.
« Le soutien aujourd’hui à la femme sahraouie, en tant que membre du front Polisario, lui permettra de bénéficier continuellement de cette politique, elle qui a donné l’exemple de sacrifice et joué un rôle avant-gardiste », a-t-elle ajouté. Et de poursuivre : « la femme sahraouie a réussi, à travers son union, à se constituer comme partenaire solide à différentes organisations internationales et nationales sahraouies, dans la décision concernant la femme ».
« L’UNFS n’a cessé de renforcer le statut de la femme dans la vie sociopolitique et culturelle de la République sahraouie, et de l’ériger en élément efficace de la révolution sahraouie », a souligné Mme Hafsi, estimant que « cet organisation s’attèle à mobiliser les soutiens en faveur de la cause sahraouie, à travers la participation de ses membres aux fora internationaux et régionaux, et à sensibiliser sur la cause du peuple sahraoui et sur ses souffrances sous les affres de l’occupation ».
Les festivités du cinquantenaire de l’UNFS ont débuté par un défilé civil retraçant des aspects du quotidien des sahraouis depuis l’invasion marocaine de leur territoire en 1975, une procession mettant en exergue les phases d’évolution de l’action de la femme sahraouie, coïncidant avec la révolution du 20 mai, ainsi que la création et le développement de l’école du « 27 février » de l’UNFS et ses diverses missions, ainsi qu’une représentation des différentes phases d’installation de la tente sahraouie.