L’USM Alger a vécu à Magra une soirée que ses supporters ne sont pas prêts d’oublier.Non pas pour la beauté du jeu ou pour une prestation de haute volée, mais pour un scénario étouffant, crispant, où le suspense et la tension ont occupé tout l’espace laissé vacant par l’inspiration.
L’USMA se qualifie finalement aux tirs au but (5-4) après 120 minutes stériles, au terme d’un match qui a mis en exergue les forces mentales de l’équipe… mais aussi toutes ses limites du moment.
Dans l’atmosphère particulière du stade des frères Bouchlik, les débuts du match ont immédiatement donné le ton : deux équipes prudentes, crispées, paralysées par l’enjeu et par les conditions de jeu difficiles.
La pelouse, irrégulière, lourde et dégradée, a d’emblée rendu impossibles les enchaînements techniques.
Le ballon rebondissait de manière imprévisible, les passes manquaient de précision, et les joueurs peinaient à progresser au sol.
Pour un match de coupe, souvent fort en émotions, ce premier acte a plutôt ressemblé à une longue bataille de position.
L’USMA, pourtant favorite et plus expérimentée, n’a jamais réussi à imprimer un véritable tempo.
Les offensives menées par les Rouge et Noir se sont heurtées à un bloc de Magra solidaire, organisé, appliqué dans le moindre repli.
Malgré la volonté affichée d’aller de l’avant, les Usmistes ont constamment manqué de liant entre les lignes.
Les accélérations étaient étouffées avant la surface, les centres peu dangereux, et les tentatives lointaines rarement cadrées.
Magra, de son côté, a joué avec lucidité.
Sans se livrer, les coéquipiers de Belkhir ont attendu patiemment les erreurs adverses.Ils ont même tenté à quelques reprises des contres rapides, souvent bien menés, mais sans réussite dans la finition.L’équipe de Saïd Hammouche semblait vouloir avant tout pousser l’USMA à la faute, provoquer le doute chez son adversaire, et exploiter la moindre faille psychologique.La deuxième période a reproduit le même scénario, presque à l’identique.
Les changements opérés par les deux bancs n’ont pas modifié la physionomie d’un match verrouillé, haché, où chaque duel au milieu était suivi d’un ballon perdu, d’une faute ou d’un rebond imprévisible.
La fatigue, ajoutée au manque d’idées, a rendu les attaques de plus en plus prévisibles.Le public de Magra, chauffé à blanc, a poussé son équipe, mais ni l’une ni l’autre ne parvenait à créer un mouvement décisif.
Les prolongations n’ont offert aucune différence notable.Les joueurs, éreintés, ont surtout cherché à éviter l’erreur fatale.Magra est restée dans son modèle : compacte, disciplinée, prête à attendre les tirs au but.
L’USMA, elle, a multiplié les tentatives individuelles sans parvenir à créer le moindre déséquilibre.C’est donc la séance des tirs au but, cruelle par essence, qui a départagé les deux formations.Les Usmistes se sont montrés plus lucides, transformant leurs tentatives avec une détermination froide.
Un arrêt décisif de leur gardien a suffi pour sceller une qualification qui soulage, mais qui ne rassure pas.À l’issue du match, Abdelhak Benchikha était lucide : « Le plus important est de passer, surtout dans un match de coupe, mais nous avons souffert.La pelouse était catastrophique, comme du béton.Cela a empêché nos joueurs d’exprimer leur football.Mais je retiens la qualification.
» Le message est clair : l’USMA doit se remettre en question.Le niveau affiché est loin des attentes, loin du prestige du club et loin des exigences d’une équipe qui vise chaque année un trophée.
Hammouche, pour sa part, n’a eu que des félicitations pour ses joueurs : « Face au détenteur du titre, une équipe expérimentée et habituée aux grandes compétitions, mes joueurs ont été exemplaires.
Ils ont tout donné.
Je suis fier d’eux.
» Sa frustration était visible, mais son respect pour l’effort accompli était total.
Pour l’USMA, la qualification doit servir d’électrochoc.
Car si le prochain tour promet d’être encore plus exigeant, l’équipe devra montrer un visage bien différent pour prétendre répéter l’exploit des saisons précédentes.
R.S
