Irlande du Nord : Une hausse des IVG qui relance le débat social et politique

dknews
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L’Irlande du Nord voit de nouveau ses chiffres de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) repartir à la hausse, selon le bulletin statistique annuel publié le 2 décembre par le ministère de la Santé.

Pour l’année 2024/2025, 2 899 avortements ont été recensés, contre 2 795 l’année précédente, soit une hausse de 3,7 %. Cette publication, qui analyse les cinq premières années d’application du nouveau cadre juridique entré en vigueur le 31 mars 2020, offre un panorama détaillé de l’évolution des pratiques et des profils concernés.
Les données confirment une tendance déjà observée ces dernières années : l’IVG médicamenteuse demeure la méthode largement privilégiée, représentant 88,9 % des interventions pratiquées.
La quasi-totalité des interruptions de grossesse – 2 692 au total – sont survenues avant 11 semaines et 6 jours, soit 94,6 % des cas enregistrés. Le ministère précise par ailleurs que 89,1 % des IVG ont été effectuées avant la 10ᵉ semaine, un léger recul par rapport aux 93 % observés en 2023/2024.
La répartition par âge révèle que les femmes de 18 à 24 ans sont les plus concernées, avec 2 215 procédures recensées. Le rapport fait également état de 74 cas impliquant des mineures de moins de 18 ans et de 565 interventions chez des femmes âgées de 35 ans ou plus. Les avortements pratiqués à partir de 20 semaines restent marginalisés, ne représentant que 1,2 % des situations en 2024/2025. Au-delà des chiffres, la question du contexte social occupe une place centrale dans le débat public. Pour l’universitaire et militante Goretti Horgan, la hausse des IVG doit être analysée à la lumière des difficultés économiques persistantes. Selon elle, agir sur le coût de la vie, l’accès au logement, la garde d’enfants et la lutte contre la pauvreté des familles serait indispensable pour réduire durablement le nombre d’avortements.

Un constat rejoint par de nombreux acteurs associatifs qui soulignent que la précarité pèse lourdement sur les décisions des femmes. Le député Timothy Gaston, opposé à la pratique de l’avortement, dénonce lui aussi les pressions économiques, familiales et culturelles qui peuvent pousser à interrompre une grossesse.
Il estime qu’il serait « tout sauf compatissant » d’ignorer ces réalités sociales, affirmant que les femmes devraient bénéficier d’un soutien concret plutôt que d’être confrontées à des conditions les menant vers l’IVG. À ses yeux, l’argument selon lequel les avortements enregistrés depuis la dépénalisation seraient principalement liés à des circonstances exceptionnelles ne reflète pas la réalité, citant les 8 000 interventions pratiquées en quatre ans comme preuve d’un phénomène beaucoup plus large et complexe. Dépénalisé le 22 octobre 2019, l’avortement en Irlande du Nord continue ainsi d’alimenter un débat sociétal profond, où s’entremêlent considérations sanitaires, enjeux économiques et divergences morales.
La progression récente du nombre d’IVG, bien que modérée, relance les interrogations sur les politiques d’accompagnement et sur les réponses sociales à apporter aux femmes confrontées à une grossesse non désirée.
À travers ce bilan statistique, c’est toute une réflexion nationale qui se ravive autour de la place du soutien familial, des conditions de vie et du rôle de l’État dans la prévention et l’accompagnement.
R. I.

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