L’Algérie a une nouvelle fois confirmé sa place parmi les pays les plus engagés et les plus efficaces au monde dans la lutte contre les mines antipersonnel. En participant récemment à deux rencontres internationales majeures « l’une à New York dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées, l’autre à Genève durant la 22e réunion des États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel ». Alger a présenté une expérience unique, fondée sur des capacités nationales, une vision humanitaire affirmée et un engagement diplomatique constant À New York, la délégation algérienne, aux côtés de l’Autriche, de la Nouvelle-Zélande et en coopération avec l’UNMAS, l’UNODA, le Département des opérations de paix et le PNUD, a mis en lumière les conséquences dramatiques des mines antipersonnel sur les populations civiles, tout en exposant les progrès remarquables accomplis par l’Algérie dans leur élimination et la prise en charge des victimes. Une exposition dédiée au déminage humanitaire, organisée par la mission permanente de l’Algérie auprès de l’ONU, a permis de sensibiliser un large public international à l’ampleur du fléau ainsi qu’au travail colossal réalisé par le pays.
Dans son intervention très remarquée, l’ambassadeur Toufik Koudri, représentant permanent adjoint de l’Algérie auprès des Nations unies, est revenu sur l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire contemporaine : la pose par l’armée coloniale française de plus de 11 millions de mines le long des frontières algériennes. Il a rappelé que, dans certaines zones frontalières, la densité de mines atteignait un niveau effrayant : jusqu’à onze engins mortels pour un seul habitant. À l’échelle nationale, la moyenne dépassait 1,2 mine par habitant, témoignant de la dangerosité extrême d’un territoire transformé en champ de piégeage massif. Ces chiffres, a-t-il souligné, traduisent les souffrances vécues par des milliers de personnes pendant et après la guerre de libération, certaines victimes continuant d’être recensées plusieurs décennies après l’indépendance. Pour l’Algérie, a insisté le diplomate, le déminage va bien au-delà d’une opération technique. Il représente un impératif moral, une dette envers les victimes, mais aussi un engagement envers les populations des zones affectées.
Déminer, c’est rendre aux habitants leur droit fondamental à la vie, à la sécurité, à la liberté de mouvement, à l’éducation ou au travail. La présence de mines antipersonnel, a rappelé l’ambassadeur, constitue une violation flagrante des droits humains et un frein durable au développement. Lors de cette rencontre new-yorkaise, plusieurs personnalités de haut rang ont salué l’engagement et les résultats obtenus par l’Algérie. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, ainsi que Giles Duley, Mandataire mondial des Nations unies pour les personnes handicapées en situations de conflit, ont mis en avant l’exemplarité de l’expérience algérienne. Ils ont insisté sur la nécessité d’intensifier la coopération internationale pour atteindre l’objectif partagé d’un monde sans mines et pour garantir une inclusion sociale pleine et entière des survivants. Au même moment, à Genève, l’Algérie réaffirmait devant la communauté internationale son adhésion totale à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel, aussi connue sous le nom de Convention d’Ottawa. Lors des travaux présidés par le Japon du 1er au 5 décembre, la délégation algérienne a présenté un exposé détaillé sur les capacités exclusivement nationales développées par le pays pour éliminer les mines héritées de l’époque coloniale et sur les mécanismes mis en place pour accompagner les victimes dans leur réhabilitation, leur insertion sociale et leur accès aux services d’aide et de santé. L’Algérie a rappelé, devant les États parties, qu’elle figure parmi les nations ayant totalement détruit leurs stocks de mines antipersonnel dans le respect des délais imposés par la Convention.
Cette performance, a-t-elle souligné, repose sur une stratégie globale combinant expertise technique, formation continue des équipes de déminage, campagnes de sensibilisation dans les régions à risques et accompagnement psychosocial des survivants. La réunion de Genève a également permis d’évaluer les avancées dans l’application du plan d’action Siem Reap-Angkor 2025-2029, qui vise, entre autres, l’universalisation de la Convention. À ce titre, l’Algérie a insisté sur l’importance de la coopération multilatérale et de la solidarité entre États pour éliminer définitivement l’usage de ces armes meurtrières. Elle a rappelé ses contributions internationales, notamment l’organisation en mai 2023 du Séminaire international africain sur la lutte contre les mines antipersonnel, en partenariat avec l’Unité d’appui à la Convention d’Ottawa, un événement salué pour son rôle dans le renforcement des capacités africaines en matière de déminage humanitaire. Alger a également mis en avant la présentation, en avril 2025, de la résolution 22/58 relative à « l’impact des mines antipersonnel sur la jouissance de tous les droits de l’Homme ». Adoptée à l’unanimité par le Conseil des droits de l’Homme, cette résolution représente une avancée majeure, reconnaissant les souffrances humaines engendrées par les mines comme une atteinte directe aux libertés fondamentales.
Elle constitue aussi un appel à la communauté internationale pour intensifier les efforts visant à éliminer ces armes et à renforcer la protection des populations vulnérables. En qualité de future présidente du Comité sur l’application de l’article 5 de la Convention « article portant spécifiquement sur l’obligation de déminer les zones contaminées », l’Algérie a également présenté un aperçu détaillé des priorités fixées pour l’année 2026. Celles-ci incluent l’accélération des opérations de déminage dans les pays encore affectés, le partage d’expertise technique, la mise en place de mécanismes de suivi rigoureux et l’intensification des campagnes de sensibilisation auprès des communautés exposées.
Alger a également souligné les progrès significatifs réalisés en matière d’éducation aux risques, un domaine dans lequel elle occupe le rôle de point focal. Ces deux événements internationaux, tenus à quelques jours d’intervalle, ont offert à l’Algérie une tribune mondiale pour exposer la solidité de son action, la cohérence de sa stratégie et la profondeur de son engagement. Ils ont également permis de rappeler que la lutte contre les mines antipersonnel est un combat de longue haleine, dont les enjeux dépassent largement la seule dimension sécuritaire. Il s’agit d’un enjeu de dignité humaine, de développement territorial, de justice pour les victimes et de responsabilité internationale. En partageant son expérience, l’Algérie confirme qu’elle n’est pas seulement un pays ayant réussi à neutraliser un héritage explosif particulièrement meurtrier, mais aussi un acteur engagé pour un désarmement humanitaire global.
À travers ses initiatives, sa diplomatie active et ses efforts de sensibilisation, elle contribue à la construction d’un monde plus sûr, plus juste et pleinement débarrassé des mines antipersonnel. Un objectif ambitieux, mais désormais accessible à condition que les États intensifient leur coopération, renforcent leurs engagements et placent la protection de l’humain au cœur de leurs politiques de sécurité.
R.I
