La ville de Chlef s’est transformée ces derniers jours en un véritable centre d’expertise et d’innovation dans le domaine de l’autisme, en accueillant le Colloque international consacré à la prise en charge des adolescents atteints de troubles du spectre autistique (TSA).
Organisé par la Fédération nationale des associations du spectre autistique, à l’occasion de la Journée internationale des personnes aux besoins spécifiques célébrée chaque 3 décembre, cet événement de deux jours a réuni universitaires, chercheurs, spécialistes, éducateurs et représentants d’associations nationales et étrangères, offrant une plateforme unique d’échanges et de partage de savoir-faire.
Plus de quinze communications scientifiques ont été présentées lors de ce colloque, abordant des thématiques essentielles telles que les changements biologiques et psychologiques propres à l’adolescence, les erreurs de diagnostic fréquentes et l’identification du « faux autisme », un phénomène où certains symptômes sont mal interprétés ou confondus avec d’autres troubles.
L’utilisation des technologies avancées, comme le métavers et l’intelligence artificielle, a été mise en avant comme un outil innovant pour le suivi, l’apprentissage et l’inclusion sociale des adolescents autistes.
Saïda Ammar, présidente de la Fédération, a souligné l’importance de cette rencontre : « Notre objectif est de garantir une prise en charge globale, psychologique, sociale et professionnelle, qui permette aux adolescents autistes de s’épanouir pleinement et de trouver leur place dans la société.
Ce colloque est aussi une occasion unique de partager des expériences internationales et d’adapter les bonnes pratiques à notre contexte algérien.
» Le Dr Saad Mohamed Al-Khamissi, professeur à l’Université du Golfe arabe à Bahreïn, a rappelé les défis spécifiques rencontrés par les adolescents autistes, notamment dans les domaines de la vie sociale et de la sexualité, et a présenté des stratégies d’intervention adaptées aux familles et aux éducateurs.
« Ces rencontres internationales sont essentielles, car elles permettent d’échanger des méthodes scientifiquement validées et de les contextualiser pour répondre aux besoins locaux », a-t-il indiqué.
De son côté, le Dr Dhamer Abderrahmane, de l’Université de Chlef, a insisté sur la nécessité de développer des programmes structurés pour favoriser l’autonomie, la valorisation des capacités et l’insertion sociale et professionnelle des adolescents : « L’adolescence est une période cruciale.
Sans soutien adapté, ces jeunes risquent d’être marginalisés, alors qu’ils possèdent un potentiel immense à exploiter.
» La deuxième journée du colloque a été marquée par une annonce majeure : la conclusion d’accords de partenariat entre la Fédération et quatre laboratoires universitaires spécialisés en sociologie, psychologie, droit et sport.
Ces collaborations visent à enrichir et adapter les programmes éducatifs, à renforcer les critères de diagnostic du TSA et à améliorer l’accompagnement global des adolescents autistes.
Selon Saïda Ammar, « ces partenariats permettront de créer une approche pluridisciplinaire complète, qui combine recherche scientifique, engagement associatif et soutien politique, pour offrir une prise en charge de qualité et identifier des solutions innovantes pour valoriser les compétences des personnes concernées.
» Dans le cadre de cette initiative, un ambitieux programme de formation a été lancé pour former 1 000 praticiens spécialisés dans l’autisme à travers tout le pays.
Dès le premier trimestre 2026, un établissement dédié supervisera la formation de 20 diplômés universitaires en psychologie et sociologie, qui seront ensuite chargés de former chacun 50 autres praticiens, garantissant ainsi une diffusion nationale des compétences et une amélioration durable de l’accompagnement des adolescents.
Le colloque a également accueilli des experts venus d’Égypte et de Bahreïn, ainsi que des représentants d’associations locales, qui ont partagé des interventions approfondies sur les stratégies favorisant l’intégration sociale et professionnelle.
Les débats ont insisté sur l’importance d’une coordination étroite entre familles, institutions éducatives et associations pour créer un environnement inclusif, stimulant et adapté aux besoins spécifiques des jeunes.
L’intelligence artificielle et la numérisation ont été identifiées comme des leviers essentiels pour améliorer le suivi thérapeutique et les méthodes d’accompagnement, permettant de mieux cibler les besoins individuels et d’évaluer l’efficacité des programmes.
Au-delà de la dimension scientifique, ce colloque met en lumière la dimension humaine et sociale de l’inclusion.
Les intervenants ont rappelé que l’autisme n’est pas seulement un enjeu médical, mais un véritable défi sociétal : permettre aux jeunes concernés de développer leurs compétences, de participer activement à la vie sociale et professionnelle et d’être reconnus pour leurs capacités.
Les familles ont un rôle central, mais l’État, les institutions éducatives et les associations doivent travailler de concert pour créer un environnement propice à l’épanouissement de ces adolescents.
Cet événement marque un tournant pour l’Algérie dans le domaine de l’autisme, démontrant qu’il est possible d’associer expertise scientifique, innovation technologique et engagement social pour construire des programmes durables et adaptés.
En favorisant la formation, la recherche et l’insertion, le colloque de Chlef illustre une vision ambitieuse : celle d’une société inclusive où chaque adolescent autiste peut exprimer pleinement son potentiel, s’intégrer dans la communauté et contribuer au développement collectif.
Chlef devient ainsi une vitrine nationale et internationale de solutions innovantes, plaçant l’Algérie sur la carte des pays qui investissent concrètement dans l’avenir des adolescents autistes et dans l’amélioration de la qualité de vie de leurs familles.
Ce colloque démontre qu’une approche scientifique, structurée et coordonnée est non seulement nécessaire, mais aussi réalisable, offrant un horizon prometteur pour une inclusion véritable et durable.
R.R
