DR LOTFI DJAMEL BENBAHMED AU FORUM DK NEWS-Industrie Pharmaceutique : Dr Lotfi Djamel Benbahmed dévoile une vision stratégique et trace les priorités de l’avenir

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Le Forum DK NEWS, créé par le regretté Cherbal Abdelmadjid dit « Antar », continue de s’imposer comme un espace majeur de réflexion nationale. Dimanche dernier, cette tribune a accueilli une personnalité incontournable du secteur de la santé : Dr Lotfi Djamel Benbahmed, ancien ministre de l’Industrie pharmaceutique, président de la SAARPE et figure de référence dans les affaires réglementaires.

Devant un public composé de journalistes, d’experts, de responsables institutionnels et de représentants de la société civile, il a présenté une analyse complète des acquis du secteur pharmaceutique algérien, de ses défis structurels et des perspectives de souveraineté sanitaire. Au centre de son intervention, intitulée « Acquis et perspectives du secteur pharmaceutique en Algérie », le spécialiste a proposé une analyse approfondie de l’état actuel de l’industrie pharmaceutique nationale, tout en évoquant les enjeux stratégiques pour l’avenir.
L’auditoire, composé de journalistes, d’experts, de responsables sécuritaires et de représentants de la société civile, a été témoin d’une intervention dense, à la fois scientifique et pédagogique, qui a permis de comprendre la dynamique du secteur et les défis persistants.
L’événement s’est déroulé dans un climat d’émotion et de reconnaissance envers Cherbal Abdelmadjid, dit « Antar », figure emblématique du journalisme algérien et fondateur du Forum DK NEWS, à qui un hommage solennel a été rendu.

Un hommage fondateur à Cherbal Abdelmadjid, inspirateur du débat public

Dès le début de son intervention, Dr Benbahmed a tenu à rappeler l’héritage de Cherbal Abdelmadjid : « Cherbal Abdelmadjid restera à jamais dans nos mémoires comme l’homme qui a donné à la presse nationale une dimension nouvelle : celle de l’éducation, du débat et de la transmission de valeurs».
Son engagement pour un journalisme pédagogique et citoyen continue d’inspirer des générations d’acteurs de la vie publique.
Cet hommage, au-delà d’un simple respect à la mémoire du défunt, souligne l’importance des médias comme vecteurs de réflexion, de sensibilisation et de contrôle social, un principe que Dr Benbahmed juge indispensable pour le développement de secteurs stratégiques tels que la santé et l’industrie pharmaceutique.

Un secteur en expansion mais qui cherche encore sa maturité

Interrogé sur l’évolution de l’industrie pharmaceutique nationale, Dr Benbahmed rappelle que les avancées sont réelles et structurantes : « Le secteur a enregistré des progrès majeurs, notamment grâce au développement de la production locale, à l’amélioration du cadre réglementaire et à la montée en compétences des professionnels. »

Il cite les chiffres clés :
240 unités pharmaceutiques en activité, dont 130 dédiées au médicament et 110 aux dispositifs médicaux, avec des taux d’intégration allant de 5 à 80 %.
Une couverture nationale oscillant entre 70 et 80 % des besoins en génériques.
Un parc industriel représentant près de 30 % des unités pharmaceutiques africaines. Selon lui, l’Algérie occupe aujourd’hui une position de leader continental, reconnue par l’OMS, et vise clairement la maturité réglementaire 3, actuellement détenue par seulement neuf pays au monde.
La récurrence des tensions sur l’approvisionnement constitue un sujet sensible.
Dr Benbahmed en explique les causes avec lucidité : « Les perturbations s’expliquent par la dépendance persistante à certaines matières premières importées, par des délais d’enregistrement encore longs et par des rigidités dans la chaîne logistique. »
Il ajoute que la disponibilité a toutefois été assurée même durant la pandémie de COVID-19, preuve que les réformes engagées ont renforcé la résilience du secteur.
Parmi les freins identifiés par l’ancien ministre, figurent : La dépendance aux intrants importés ; La lenteur administrative dans les procédures d’homologation ; Le manque d’innovation locale dans les médicaments complexes ; Des capacités encore limitées dans la biotechnologie et les produits innovants.
À cela s’ajoute un besoin urgent de renforcer la formation et la disponibilité des ressources humaines, un point que Dr Benbahmed associe directement aux orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.

Le cadre réglementaire : de grands acquis mais une modernisation nécessaire

« Le cadre réglementaire algérien est globalement aligné sur les standards internationaux, mais il doit être modernisé pour fluidifier l’enregistrement, accélérer l’innovation et clarifier certaines procédures. »
Son passage au ministère a d’ailleurs marqué un tournant historique avec : 63 décrets et arrêtés exécutifs qui ont transformé l’exercice professionnel des pharmaciens, l’organisation des hôpitaux, des offices et des structures sanitaires.
Il rappelle également des acquis structurels : « Nous avons assuré la disponibilité des médicaments pendant la crise Covid et renforcé les contrôles de qualité sans interruption. »

Le rôle clé de la SAARPE pour harmoniser les normes algériennes

Créée il y a dix ans, la SAARPE joue un rôle croissant dans l’écosystème pharmaceutique : « Notre organisation accompagne les industriels dans la conformité, harmonise les réglementations avec les standards internationaux et vulgarise la pharmaco-économie, essentielle pour évaluer les coûts et les bénéfices des médicaments. » La SAARPE prépare également, pour 2026, la présentation d’une méthodologie pharmaceutique nationale destinée à optimiser l’intégration industrielle.

Recherche, innovation et biotechnologies : les conditions du décollage

Pour que l’Algérie devienne un pôle régional incontournable, Dr Benbahmed identifie les conditions suivantes : Investir massivement dans la recherche et développement, notamment dans les biosimilaires ; Encourager les partenariats universités-industrie ; Soutenir les startups pharmaceutiques et biotechnologiques ; Renforcer la formation des pharmaciens et médecins ; Développer une approche coordonnée entre médecins et pharmaciens sur la disponibilité des médicaments.
Il rappelle qu’il fut doyen des pharmaciens entre 2012 et 2014, ainsi que président de la Ligue africaine des pharmaciens, deux expériences qui lui ont permis de mesurer l’importance de la formation continue, puis ministre de l’Industrie pharmaceutique.

Une stratégie d’exportation tournée vers l’Afrique

L’Algérie prépare également une stratégie d’export à grande échelle : « Avec nos capacités industrielles, notre objectif est de faire du médicament algérien une référence africaine. » Le pays investit dans des projets structurants comme : Une unité de thérapie cellulaire développée avec l’Institut Karolinska ; Une nouvelle unité de production à Tamanrasset pour renforcer la couverture du Sud

La montée en puissance du groupe Saidal, locomotive nationale

Ces initiatives visent à réduire les importations, développer l’innovation locale et faire du médicament algérien un produit compétitif à l’export.

Vers une souveraineté pharmaceutique durable

En conclusion, Dr Benbahmed insiste sur l’objectif majeur : « La souveraineté pharmaceutique n’est pas un slogan mais un chantier stratégique. Elle repose sur la production locale, l’innovation, la formation et l’harmonisation réglementaire. Tous les acteurs « État, industriels, chercheurs et jeunes diplômés ont un rôle essentiel. »
Son intervention au Forum DK NEWS a livré un panorama complet, alliant hommage à un pionnier du journalisme, bilan précis du secteur et vision stratégique d’avenir.
Elle confirme que l’industrie pharmaceutique algérienne, en pleine expansion, se dirige résolument vers une autonomie durable, une innovation renforcée et une présence affirmée sur la scène africaine.
Abed MEGHIT

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