L’Algérie se prépare à accueillir une conférence internationale d’une portée politique et mémorielle majeure : un rendez-vous consacré à l’examen et à la criminalisation des crimes commis par les anciennes puissances coloniales en Afrique. Programmé pour dimanche et lundi prochains, cet événement découle d’une initiative du président Abdelmadjid Tebboune, entérinée lors du 38e Sommet de l’Union africaine tenu en février 2025, sous le thème ambitieux : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations ».
Cette rencontre internationale vise à établir, dans une démarche collective panafricaine, une motion criminalisant toutes les formes du colonialisme : esclavage, ségrégation raciale, apartheid, exploitation économique, spoliation du patrimoine, destruction culturelle, et atteintes environnementales. Parmi les crimes les plus lourds évoqués figurent les essais nucléaires menés par la France coloniale dans le Sud algérien, toujours au cœur d’un contentieux historique et sanitaire non réglé. Au-delà de la dimension historique, la conférence ambitionne de jeter les bases d’un mécanisme africain permanent dédié aux réparations, à la restitution du patrimoine et à la reconnaissance des dommages matériels et moraux subis par des générations entières de populations africaines.
Il s’agit également de définir un corpus juridique permettant de qualifier, documenter et poursuivre les crimes coloniaux dans une perspective de justice et de réhabilitation. Les travaux examineront les traumatismes intergénérationnels, les modèles économiques inéquitables hérités de l’ère coloniale, la destruction culturelle systématique, les dégâts environnementaux profonds et les mécanismes internationaux susceptibles d’appuyer les revendications africaines. Ce processus s’inscrit dans la volonté du continent de rompre définitivement avec les dépendances héritées du passé pour projeter un avenir fondé sur la souveraineté politique, économique et culturelle. La conférence représente aussi un moment fort pour rappeler le rôle central de l’Algérie et de l’Afrique du Sud dans les luttes de décolonisation.
Ces deux nations, longtemps en première ligne, entendent aujourd’hui accompagner l’Afrique dans une démarche de réparation historique et de rééquilibrage des relations internationales. En remettant le contentieux colonial au cœur du débat mondial, l’Afrique entend poser des conditions nouvelles et fermes aux partenaires internationaux souhaitant « tourner la page ». Alger deviendra ainsi, le temps de cette conférence, un lieu d’engagement, de vérité historique et de revendication légitime, porté par une Afrique déterminée à faire reconnaître les injustices du passé et à construire une justice mémorielle collective.
R.I
