L’histoire de l’Algérie regorge de récits de bravoure et de sacrifices, mais certains épisodes restent profondément marqués par la tragédie et la violence.
Parmi eux, la résistance de Zaâtcha en 1849 constitue un témoignage incontournable de l’horreur de la colonisation française et de la détermination d’un peuple à défendre sa terre, sa liberté et son honneur.
Située sur le territoire actuel de la commune de Lichana, dans la wilaya de Biskra, l’oasis de Zaâtcha était peuplée d’une communauté d’environ 1.000 habitants, organisée autour d’une vie sociale et économique florissante, au milieu de palmeraies luxuriantes.
La première attaque française, le 16 juillet 1849, fut le point de départ d’une répression systématique.
Après cette première offensive, les forces coloniales organisèrent un siège de 52 jours, à partir du 7 octobre, mobilisant près de 6.000 soldats sous le commandement du général Herbillon.
L’objectif était clair : annihiler la résistance et terroriser la population pour dissuader toute rébellion ultérieure.
Les bombardements de l’artillerie lourde furent meurtriers.
Selon Mohamed Smati Abdelbaki, chercheur en histoire, environ 800 hommes, femmes et enfants périrent sous les assauts des troupes françaises.
Le village fut entièrement détruit, les palmiers incendiés, les biens pillés.
Les survivants furent maltraités, et la brutalité de la répression avait pour objectif d’imposer la peur aux habitants des régions voisines.
Les têtes des chefs de la résistance « cheikh Bouziane, son fils et Si Moussa Derkaoui » furent emportées à Biskra, puis transférées au Musée de l’Homme à Paris, transformant ainsi la violence en un instrument de domination psychologique et symbolique.
Pour les historiens et descendants, la mémoire de Zaâtcha demeure vivante.
En 2020, grâce aux efforts de l’État algérien, plusieurs crânes de résistants ont été rapatriés, dont celui de cheikh Bouziane.
Mohamed Saâdi, petit-fils de Bouziane, souligne que ce retour « représente une réparation symbolique et le rappel du sacrifice de nos aïeux, tout en transmettant aux nouvelles générations l’importance de la lutte pour la liberté ».
Zaâtcha illustre également l’impact psychologique et social de la colonisation, dont les séquelles se sont transmises à travers plusieurs générations, en particulier dans l’oasis et les territoires voisins.
Au-delà de la tragédie, la résistance de Zaâtcha est un symbole de courage et de solidarité.
Elle rappelle que l’Algérie n’a jamais renoncé à sa souveraineté et que le peuple, même dans les conditions les plus extrêmes, s’est levé pour défendre son identité.
Aujourd’hui, cette histoire reste enseignée et célébrée comme un acte de mémoire et de résistance nationale, témoignant que la lutte pour la dignité et la liberté n’a jamais été vaine.
R.L
