La criminalité liée aux bandes de quartiers connaît un reflux constant en Algérie, selon les derniers chiffres présentés par Lotfi Boudjemaâ, ministre de la Justice et garde des Sceaux, lors d’une séance plénière tenue jeudi dernier au Conseil de la nation. Devant les parlementaires, le ministre a exposé une synthèse complète de l’évolution du phénomène et des mesures entreprises par l’État pour prévenir, sanctionner et accompagner les victimes, tout en mettant en avant les acquis de l’ordonnance 20-03, relative à la prévention et à la lutte contre les bandes de quartiers. Répondant à la question d’un député préoccupé par la persistance du phénomène malgré l’existence du cadre juridique, Boudjemaâ a souligné que cette ordonnance s’inscrit dans une stratégie nationale intégrée, fondée sur trois axes : prévention, répression et protection des victimes. « L’objectif n’est pas seulement de punir, mais de créer un environnement sécuritaire où la citoyenneté et la vigilance sociale jouent un rôle central », a-t-il précisé. Pour atteindre cette ambition, l’État a institué une Commission nationale de prévention et de lutte contre les bandes de quartiers, chargée d’élaborer une stratégie globale et de superviser sa déclinaison à l’échelle locale via des commissions dans chaque wilaya. Cette architecture institutionnelle vise à coordonner les actions sur le terrain, garantir la cohérence des interventions et renforcer l’efficacité des mesures adoptées.
Sur le plan social, le ministre a insisté sur la prise en charge complète des victimes, couvrant l’accompagnement psychologique, social et sanitaire, tout en facilitant leur accès à la justice. L’assistance judiciaire, désormais renforcée, permet aux victimes de bénéficier d’un soutien concret dans la constitution de leurs dossiers. Parallèlement, Boudjemaâ a mis en avant la protection juridique accordée aux lanceurs d’alerte, un mécanisme essentiel pour stimuler la vigilance citoyenne et encourager le signalement d’actes criminels. La dimension répressive de l’ordonnance 20-03 ne laisse aucun doute sur la fermeté de l’État. Le texte prévoit des peines allant de 3 à 15 ans de prison, avec la possibilité de réclusion à perpétuité selon la gravité des faits. Les associations peuvent se constituer partie civile, renforçant ainsi le dispositif judiciaire disponible et permettant une implication citoyenne directe. Pour illustrer l’efficacité de ces mesures, Boudjemaâ a présenté des statistiques éloquentes. Le nombre de condamnés pour des affaires liées aux bandes de quartiers est passé de 1628 en 2022 à 1500 en 2023, pour atteindre 1100 en 2024. Les dossiers traités par la justice ont également connu une baisse significative, de 423 à 286 sur la même période, confirmant une tendance à la désescalade. « Cette évolution démontre que nos politiques combinant prévention, poursuite rapide des délinquants et sanctions fermes portent leurs fruits », a affirmé le ministre.
Il a également précisé que le taux de détention pour ce type d’infractions reste très faible par rapport à celui des crimes liés au trafic de drogue, un secteur souvent lié aux bandes de quartiers. Boudjemaâ a insisté sur le rôle complémentaire du citoyen dans la lutte contre la criminalité, soulignant que l’engagement social et la coopération avec les forces de l’ordre sont déterminants pour maintenir cette tendance à la baisse. Enfin, tout en reconnaissant que des incidents ponctuels peuvent susciter une émotion légitime, le ministre a appelé à éviter toute amplification excessive du phénomène. Il a rappelé son appel d’octobre dernier aux juridictions, invitant les présidents et procureurs généraux à renforcer la rigueur dans le traitement des affaires touchant à la grande criminalité, y compris les infractions liées aux bandes de quartiers, au trafic de drogue, à la corruption, au blanchiment d’argent, aux spéculations illicites ou aux atteintes aux terres de l’État. Avec ce panorama, l’Algérie montre qu’une approche intégrée, alliant prévention, répression et engagement citoyen, permet de contrôler efficacement le phénomène des bandes de quartiers, tout en consolidant la confiance des citoyens dans le système judiciaire et la sécurité publique.
R.N
