L’université algérienne, longtemps perçue comme un espace strictement académique, connaît aujourd’hui une mutation profonde qui redessine son rôle au sein de l’économie nationale.
À Illizi, au cœur du Sahara, cette transformation prend une dimension concrète grâce à l’incubateur du Centre universitaire, devenu en quelques années un véritable moteur de créativité, d’innovation et d’entrepreneuriat étudiant.
Jeudi, ses responsables ont dévoilé une série de projets novateurs, dont plusieurs ont franchi le cap du prototypage pour devenir de jeunes entreprises prometteuses, prêtes à conquérir les marchés local et national. Parmi ces réussites emblématiques figure Eventry-360, une startup née d’un simple projet estudiantin et devenue aujourd’hui un acteur clé au sein de l’établissement.
Grâce à son plateau numérique spécialisé dans l’enregistrement professionnel, la diffusion en direct et la couverture digitale des événements, Eventry-360 s’est imposée comme un prestataire incontournable pour les manifestations universitaires et institutionnelles.
Cette réussite illustre parfaitement l’esprit de l’incubateur : accompagner les étudiants à transformer leurs idées en solutions concrètes, techniquement solides et économiquement viables.
Le domaine de la santé, particulièrement dynamique, révèle également des innovations prometteuses. La startup Harmonic a conçu un complément alimentaire naturel destiné à renforcer la glande thyroïde.
Déjà certifié « ISO 22000 », ce produit a franchi les étapes de vérification, d’enregistrement et de certification de sa composition avant d’être mis sur le marché. Son développement met en avant la capacité de jeunes chercheurs à proposer des solutions de santé basées sur la recherche scientifique tout en répondant à des besoins médicaux réels.
Autre innovation notoire : PancréaLife, un complément alimentaire destiné aux personnes atteintes de diabète de type 2. Le produit vise à améliorer la réactivité du pancréas et, par conséquent, la régulation du taux de sucre dans le sang.
Lui aussi certifié « ISO 22000 », ce projet témoigne de la montée en puissance des biotechnologies locales et de la volonté de l’incubateur d’encourager les initiatives à forte valeur ajoutée pour la santé publique.
Dans le domaine médical toujours, le projet KarnaVive se distingue par son approche innovante du traitement des brûlures. Sa formule, conçue pour apaiser les inflammations, accélérer la fermeture des plaies et faciliter la cicatrisation, a achevé avec succès la phase expérimentale technique.
La startup entre désormais dans la phase de commercialisation, signe que le projet a atteint un niveau de maturité scientifique et industrielle remarquable. L’innovation ne s’arrête pas à la santé ou aux technologies numériques. L’incubateur d’Illizi accueille également Fleetfeel, une application intelligente qui révolutionne la logistique du transport de marchandises. Elle met en relation, en temps réel, les conducteurs de poids lourds revenant à vide et les clients cherchant un service de transport.
En optimisant les trajets, l’application permet à la fois de réduire les coûts, d’améliorer l’efficacité des flottes et de contribuer à une meilleure gestion du parc roulant à l’échelle nationale.
Une initiative qui s’inscrit dans les efforts de digitalisation du secteur logistique en Algérie. Au-delà des projets eux-mêmes, la dynamique impulsée par le Centre universitaire d’Illizi est saluée au plus haut niveau.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le professeur Kamel Baddari, avait déjà loué, lors d’une visite officielle en début d’année, le degré d’avancement de ces projets et la pertinence du modèle d’incubation développé.
Il avait insisté sur l’importance de renforcer les mécanismes de commercialisation, d’accompagnement terrain et de valorisation des résultats de la recherche.
Pour le directeur du Centre universitaire, le professeur Moussa Boubekeur, ces réalisations marquent un tournant décisif dans la construction d’une véritable économie universitaire productive.
Selon lui, l’université n’est plus seulement un espace de formation, mais devient un acteur stratégique du développement local, capable d’impulser des activités économiques, de générer des emplois et de valoriser les compétences des étudiants et des chercheurs.
L’incubateur d’Illizi apparaît ainsi comme un exemple inspirant de ce que peut devenir l’université algérienne : un lieu où la recherche scientifique s’articule avec l’innovation, où les idées se transforment en solutions concrètes, et où l’économie du savoir se manifeste dans toute sa force. À travers ces projets, Illizi démontre que même dans les régions éloignées, la jeunesse peut être le moteur d’une transformation économique durable, créative et profondément ancrée dans les besoins du pays.
R. E.
