LOBAMBA : Eswatini ouvre une nouvelle ère dans la lutte contre le VIH avec une vaccination biannuelle inédite en Afrique

dknews
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L’Afrique vient de franchir un tournant historique dans la lutte contre le VIH.
L’Eswatini, petit royaume d’Afrique australe mais tristement connu pour être le pays au taux d’incidence du VIH le plus élevé au monde, est devenu le premier État du continent à instaurer une vaccination préventive administrée deux fois par an.
Cette avancée majeure, annoncée par des médias locaux et confirmée par plusieurs sources officielles, marque une rupture profonde dans les stratégies de prévention et symbolise une nouvelle lueur d’espoir pour des millions de personnes exposées au virus.
Le traitement utilisé, le Lénacapavir, est le fruit de plusieurs années de recherches menées par Gilead Sciences.
Ce médicament injectable à action prolongée, dont les premières livraisons sont arrivées mardi dans le pays, a démontré lors d’essais cliniques menés en Afrique du Sud une efficacité protectrice proche de 100 %.
Une performance exceptionnelle qui, à elle seule, a suffi à attirer l’attention de la communauté médicale internationale.

La Zambie a d’ailleurs reçu ses premières doses, et neuf autres pays du continent devraient en bénéficier dans les prochaines semaines : le Botswana, le Zimbabwe, le Kenya, le Malawi, la Namibie, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda.
Au total, 325 000 doses seront réparties entre ces dix nations africaines, dans le cadre d’un programme visant à protéger au moins deux millions de personnes d’ici 2027.
Cette opération représente l’un des plus ambitieux efforts de prévention jamais déployés sur le continent.
Approuvé pour un usage clinique fin 2022 aux États-Unis, au Canada et dans l’Union européenne, le Lénacapavir a rapidement obtenu, en juillet dernier, l’homologation officielle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme mesure préventive complémentaire contre le VIH.
Son déploiement en Eswatini constitue un événement sans précédent : c’est la première fois qu’un médicament innovant contre le VIH atteint un pays d’Afrique subsaharienne la même année que son approbation aux États-Unis.
Un geste salué par Daniel O’Day, PDG de Gilead Sciences, qui qualifie ce moment « d’extraordinaire » et souligne qu’il inaugure une nouvelle dynamique de justice sanitaire et d’équité d’accès aux traitements.
La phase initiale de mise en œuvre ciblera environ 6 000 personnes à haut risque, notamment les groupes les plus exposés et particulièrement les femmes enceintes afin de réduire la transmission mère-enfant, un enjeu majeur en Eswatini.

Sur les 1,2 million d’habitants que compte le pays, près de 200 000 vivent actuellement avec le VIH, un taux parmi les plus élevés au monde.
Dans certaines régions, la prévalence dépasse 25 %, une situation qui fragilise profondément le tissu social, économique et démographique.
Pour les autorités sanitaires locales, cette vaccination biannuelle représente une chance historique de renverser la courbe des contaminations.
Les traitements préventifs existants reposent souvent sur des prises quotidiennes, difficiles à maintenir dans des conditions de vie marquées par la précarité, la mobilité ou la stigmatisation.
Le Lénacapavir, administré seulement deux fois par an, pourrait donc lever cet obstacle majeur et offrir une protection plus stable, plus accessible et mieux acceptée.
Les experts s’accordent à dire que cette innovation pourrait transformer durablement les stratégies de prévention sur le continent.
En combinant ce vaccin à d’autres programmes de sensibilisation, de dépistage et de prise en charge, plusieurs pays espèrent réduire drastiquement le nombre de nouvelles infections dans les dix prochaines années.

Le succès du programme-pilote en Eswatini pourrait également encourager d’autres États à adopter ce modèle, suscitant un véritable mouvement continental vers une prévention plus moderne et plus efficace.
Mais les défis demeurent.
Le déploiement massif du vaccin nécessitera une logistique solide, des infrastructures de stockage adaptées, ainsi qu’une communication claire auprès des populations.
La lutte contre les idées reçues et la stigmatisation reste également un élément central pour assurer l’adhésion du public, notamment dans les zones rurales les plus reculées.
Malgré ces obstacles, l’arrivée du Lénacapavir, saluée comme une « révolution discrète mais déterminante », ouvre la voie à des perspectives inédites.
Pour un pays comme l’Eswatini, engagé depuis des décennies dans une bataille complexe contre le virus, cette avancée représente un souffle nouveau, une opportunité historique de protéger les générations futures et de bâtir, enfin, un horizon où le VIH ne dictera plus la vie quotidienne.
R. I.

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