Dans une conférence de presse dense et stratégique tenue mardi au siège du ministère des Affaires étrangères à Alger, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a livré une analyse complète et approfondie de la position algérienne concernant la dernière résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation à Ghaza. Cette rencontre, qui intervient alors que l’Algérie entame la dernière phase de son mandat de membre non permanent au sein de l’instance onusienne, a permis de mettre en relief les fondements, les motivations et les implications d’un vote qualifié de « responsable, réfléchi et fidèle » à la ligne diplomatique du pays.
D’emblée, Ahmed Attaf a tenu à souligner que l’action de la diplomatie algérienne durant ce mandat a été guidée par une vision politique claire, enracinée dans l’identité nationale et dans l’histoire militante de l’Algérie. Il a insisté sur le fait que les appartenances arabe, islamique et africaine du pays, tout comme les principes inscrits dans la Charte des Nations unies, ont constitué la boussole constante des démarches entreprises. « Nous avons suivi cette orientation depuis le premier jour, et nous y resterons attachés jusqu’au dernier instant de notre mandat », a affirmé le ministre. Une large partie de son intervention a été consacrée à la récente résolution présentée par les États-Unis dans le cadre de ce qu’ils ont qualifié de « plan de paix pour Gaza ».
Le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que le vote favorable de l’Algérie ne procède ni d’un alignement automatique, ni d’un consentement absolu au contenu du texte, mais d’une démarche fondée sur quatre priorités jugées urgentes et essentielles. La première concerne la consolidation du cessez-le-feu pour éviter toute reprise de l’agression israélienne. La seconde porte sur l’instauration d’une protection internationale effective des civils palestiniens, dont la situation humanitaire demeure tragique. La troisième priorité consiste à garantir un accès humanitaire sans entrave, et la quatrième vise la mise en place des premières mesures de reconstruction, soutenues notamment par les institutions financières internationales que la résolution appelle à mobiliser. Attaf a mis en avant un aspect qu’il a lui-même qualifié d’« inédit » : la résolution ouvre la voie à un éventuel déploiement d’une force internationale chargée d’assurer la sécurité et la stabilité dans la bande de Gaza.
Une étape majeure, selon lui, dans la trajectoire de la protection internationale du peuple palestinien, marquant un tournant diplomatique d’envergure. Le texte réaffirme par ailleurs le rejet catégorique de tout déplacement forcé de populations et s’oppose aux projets visant à annexer ou occuper Gaza par des moyens militaires, ce qui correspond, a-t-il rappelé, à des lignes rouges déjà posées par la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique. S’exprimant sur les motivations profondes du vote algérien, le ministre a insisté sur le fait que l’Algérie s’est alignée sur la position palestinienne et sur le consensus arabe et islamique. « L’Algérie ne peut s’écarter du choix de ses frères palestiniens, ni se dissocier de l’unanimité arabe et islamique », a-t-il déclaré, tout en précisant que cet appui ne signifie pas une adhésion totale à l’ensemble du contenu du texte. Il s’agit, selon lui, d’un choix dicté par la responsabilité morale, politique et humanitaire, dans un contexte où « l’urgence absolue est de consolider le cessez-le-feu et de mettre fin aux crimes d’extermination et de famine infligés au peuple palestinien ».
Le ministre a également replacé cette décision dans le cadre plus large de l’action diplomatique menée par l’Algérie sur plusieurs dossiers majeurs, notamment le Sahara occidental et la crise dans la région du Sahel, où des évolutions significatives ont été enregistrées grâce à la mobilisation continue de la diplomatie algérienne. Toutefois, le dossier palestinien reste, selon ses termes, « la cause centrale et sacrée », et la résolution adoptée constitue un « point de départ », non une finalité. Elle devra être suivie, a-t-il ajouté, par des mesures concrètes, à la hauteur des défis et des souffrances du peuple palestinien. En conclusion, Ahmed Attaf a réaffirmé que l’Algérie demeurera fidèle à ses principes et à ses engagements, en œuvrant inlassablement pour la justice, la paix et la sécurité dans la région et sur la scène internationale. Il a rappelé que ces valeurs continueront de guider la diplomatie algérienne au-delà de son mandat au Conseil de sécurité, en affirmant une fois de plus que la position de l’Algérie, loin d’être conjoncturelle, s’inscrit dans une continuité historique, politique et morale.
R.I
