L’Algérie déclare la guerre au « terrorisme routier » : vers un code de la route plus strict et une législation renforcée pour sauver des vies

dknews
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Dans un contexte national marqué par la recrudescence des accidents de la route, véritable fléau social endeuillant chaque année des milliers de familles, l’État algérien a décidé de passer à l’offensive. Sous la direction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le gouvernement a adopté une approche résolument ferme et globale face à ce que le chef de l’État qualifie de « terrorisme routier ». Réuni ce dimanche en Conseil des ministres, le président Tebboune a annoncé une série de réformes ambitieuses qui marqueront un tournant majeur dans la politique nationale de sécurité routière.

Au centre de ces réformes : le nouveau code de la route, véritable texte de référence pour les décennies à venir, qui introduira plus de cinquante nouvelles dispositions sur un total de 193 articles, rendant la législation plus claire, plus efficace et surtout plus dissuasive. Selon la Présidence de la République, ce texte de loi, encore en phase finale d’élaboration, repose sur un principe fondamental : “tolérance zéro” envers les comportements irresponsables sur la voie publique. Le président Tebboune, après avoir écouté un exposé détaillé du ministre de l’Intérieur sur les nouvelles mesures, a insisté sur la nécessité de « ne négliger aucun détail ». Il a exigé que les dispositions légales à venir facilitent le travail de la justice et des services de sécurité, notamment dans le traitement rapide et rigoureux des infractions routières. L’une des mesures les plus marquantes concerne la création d’un corps d’agents assermentés, agréés par la justice, chargés non seulement du contrôle technique et administratif des véhicules, mais également d’enquêter sur les accidents.

Cette innovation vise à mettre fin aux falsifications, aux rapports techniques frauduleux et à la corruption qui entravent souvent la recherche de la vérité lors des drames routiers. Le chef de l’État a également exigé le renforcement du contrôle médical des conducteurs professionnels, en particulier ceux des transports collectifs et des poids lourds, souvent impliqués dans les accidents les plus meurtriers. Ces conducteurs devront désormais se soumettre à des examens médicaux périodiques et inopinés afin d’évaluer leur aptitude physique et psychologique à la conduite. Par ailleurs, une limitation légale des distances qu’ils peuvent parcourir sans relais sera introduite pour lutter contre la fatigue au volant, facteur majeur d’accidents. Mais la réforme ne se limite pas aux conducteurs. Elle s’étend à toute la chaîne de régulation routière : les auto-écoles devront adopter de nouvelles méthodes pédagogiques, les véhicules seront soumis à des contrôles plus stricts, et les dispositifs de surveillance seront modernisés.

 Les agents de contrôle bénéficieront de technologies avancées, telles que le paiement électronique des amendes, les tests de dépistage de drogues, ainsi que des systèmes de pesée automatisée des chargements pour prévenir les surcharges de camions. Les statistiques sont alarmantes : 3 740 morts et plus de 35 500 blessés en 2024, selon la Délégation nationale à la sécurité routière. Des chiffres qui traduisent la gravité d’un problème devenu national, voire existentiel. Pour le président Tebboune, « aucun développement économique, aucune sécurité sociale n’a de sens si la vie humaine n’est pas préservée sur nos routes ». D’où cette volonté affichée de réformer profondément le système pour transformer la prévention routière en une cause nationale, soutenue par la loi et la technologie. Cette réunion du Conseil des ministres a également permis d’aborder deux autres dossiers stratégiques, étroitement liés à la sécurité nationale et au développement durable : l’agriculture et l’énergie. Le président a instruit le ministre de l’Agriculture de préparer une nouvelle loi d’orientation agricole, qui réorganisera le secteur selon une vision prospective intégrant les innovations, la durabilité et la participation des experts.

Il a en outre ordonné l’importation immédiate de moissonneuses-batteuses et de matériel de semis, y compris du matériel d’occasion de moins de cinq ans, afin d’accélérer la production du maïs et des graines oléagineuses, notamment le tournesol. Sur le plan énergétique, le chef de l’État a mis en avant la nécessité d’achever rapidement le raccordement électrique entre le Nord et le Sud du pays, un projet stratégique pour réduire les disparités régionales et améliorer la qualité de service. Mieux encore, il a appelé à valoriser le surplus énergétique en l’orientant vers l’exportation, aussi bien vers l’Europe que vers l’Afrique, dans le cadre d’une diplomatie énergétique ambitieuse et tournée vers l’avenir. Enfin, le Conseil des ministres a validé deux textes majeurs : un projet de loi sur les services de transactions électroniques et l’identification numérique, garantissant la sécurité et la transparence des échanges digitaux, ainsi qu’un décret présidentiel approuvant l’accord de siège avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), qui ouvrira un bureau extérieur de l’institution à Alger.

En somme, ce Conseil des ministres aura marqué un tournant dans la gouvernance du pays. Il incarne la volonté du président Tebboune de conjuguer fermeté, modernité et responsabilité, plaçant la vie du citoyen et la sécurité nationale au centre de toute réforme. L’Algérie entre ainsi dans une nouvelle ère de législation routière et de gouvernance, où chaque citoyen est appelé à devenir acteur de la sécurité publique.

R.N

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