Novembre 1954: les casernes étaient les principales cibles des moudjahidine dans la région de la Mitidja

dknews
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Le 1er novembre 1954, les moudjahidine qui avaient préparé les opérations militaires dans la région de la Mitidja concentrèrent leurs actions sur les casernes françaises, en raison de leur importance stratégique en tant que sources d’armes, selon des chercheurs en histoire.

A l’instar des toutes les régions du pays, la Mitidja qui relevait de la 4e zone durant la Guerre de libération nationale, fut le théâtre d’une série d’opérations coordonnées par d’anciens militants de l’Organisation spéciale (OS), dont Souidani Boudjemâa, Ahmed Bouchaïb et Rabah Bitat. 

Ces actions visaient les infrastructures économiques et militaires coloniales, avec un accent particulier sur les casernes pour s’emparer des armes, a indiqué Abdelkader Fekair, enseignant en histoire à l’université de Khemis Miliana (Aïn Defla).

Riche, fertile et proche d’Alger, la Mitidja attirait beaucoup de colons, ce qui poussa l’administration coloniale à y ériger plusieurs postes militaires qui sont devenus des cibles prioritaires pour les moudjahidine de la Révolution.

Dans la nuit du 1er novembre 1954, une quinzaine de groupes de moudjahidine ont participé aux opérations dans la région. Deux d’entre eux ont attaqué plusieurs casernes, notamment le dépôt d’armes à Boufarik et la caserne Bizot à Blida, permettant de récupérer des armes, tandis que d’autres attaques n’ont pas réussi à atteindre les dépôts de munitions.

Les chefs de la Révolution ont ciblé également des infrastructures stratégiques comme les routes, les voies ferrées et les postes, provoquant la panique au sein des autorités coloniales, pourtant doté d’un dispositif de renseignement renforcé. 

Parmi les actions menées avec succès, il y a lieu de citer la pose de bombes à l’usine de papier de Baba Ali, la destruction de lignes ferroviaires à Boufarik et la coupure de lignes téléphoniques, comme le montrent des documents fournis par la direction des moudjahidine de la wilaya de Blida.

Prévisible, la riposte des autorités coloniales françaises aux opérations militaires menées dans la région de la Mitidja était d’une grande violence. 

L’armée coloniale a encerclé les zones concernées. Elle a déployé d’importants effectifs et a engagé des affrontements avec les moudjahidine, dont certains ont été blessés et a lancé de vastes opérations de ratissage et d’arrestations.

A l’opposé de cette répression, la population de Blida a accueilli avec joie l’annonce du déclenchement de la lutte armée. Pour les habitants, la Révolution représentait la voie vers la liberté et la fin de l’oppression coloniale française, selon les témoignages de moudjahidine et habitants ayant vécu cet événement historique.

C’est notamment le cas de Benyoucef Derghami, moudjahid rencontré par l’APS sur la place du 1er Novembre 1954 (place Ettoute) du centre-ville de Blida, qui a qualifié cette date de « tournant décisif » dans l’histoire du peuple algérien. 

« Les habitants de la région ont exprimé leur volonté de soutenir les moudjahidine, chacun selon ses moyens », a-t-il assuré. « Je me souviens parfaitement du matin du 1er novembre 1954 », raconte le moudjahid, alors âgé de 16 ans, en décrivant ce jour comme celui de la liberté. 

Il évoque la fierté et la joie qu’il a ressenties en voyant ses compatriotes défier l’armée française, malgré sa puissance.

A son tour, Tayeb Bensersoura, un autre natif de la région, âgé aujourd’hui de 81 ans, se souvient de « la grande joie » ressentie ce jour-là, bien qu’il n’avait à l’époque qu’une dizaine d’années. 

Il se souvient surtout de la souffrance et de la discrimination imposées par le colonisateur, même aux enfants.

Les familles, témoigne-t-il, rappelaient sans cesse à leurs enfants leur droit de vivre libres dans leur pays et cette conscience a été le ciment d’un peuple uni autour de sa Révolution, perçue comme le salut face à l’injustice coloniale.

« L’étincelle du 1er Novembre 1954 a marqué l’accomplissement de l’objectif suprême des Algériens, celui de déclencher la lutte armée pour se libérer du joug colonial et recouvrer leur souveraineté nationale », a conclu l’universitaire Abdelkader Fekair. 

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