Le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunit ce mardi à New York pour examiner la situation en République centrafricaine (RCA), un pays encore fragilisé par des années de crise politique, de conflits armés et d’instabilité institutionnelle.
Cette séance d’information publique, qui sera suivie de consultations à huis clos, marque un moment décisif pour le processus de paix et les préparatifs des élections prévues le 28 décembre prochain.
La réunion sera conduite par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la RCA, Mme Valentine Rugwabiza, également Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA). Elle présentera un exposé détaillé basé sur le dernier rapport du Secrétaire général, document qui retrace l’évolution politique et sécuritaire du pays entre juin et octobre, période marquée par de timides avancées démocratiques, mais aussi par la persistance de tensions locales et de fragilités économiques.
La participation officielle de la République centrafricaine à cette session, conformément à l’article 37 du Règlement intérieur provisoire du Conseil, traduit la volonté des autorités de Bangui d’impliquer la communauté internationale dans la recherche de solutions durables.
L’enjeu principal de cette rencontre demeure la préparation des élections combinées « locales, législatives et présidentielle » que le pays s’apprête à organiser dans un climat encore incertain.
Les discussions au sein du Conseil porteront sur les mécanismes à mettre en place pour garantir des élections libres, transparentes et pacifiques, considérées comme une étape essentielle vers la consolidation de la paix et la restauration de la confiance citoyenne.
Selon le rapport du Secrétaire général, le gouvernement centrafricain a déjà mobilisé 7,8 millions de dollars supplémentaires pour financer ces élections, après un premier décaissement de 7,1 millions en février dernier.
Cependant, malgré ces efforts notables, un déficit de financement de 12,4 millions de dollars persiste, compromettant la mise en œuvre complète du processus électoral. C’est pourquoi la cheffe de la MINUSCA devrait réitérer devant le Conseil un appel pressant à la solidarité internationale afin de combler ce manque crucial, rappelant que le succès des élections est indissociable de la stabilité et du développement du pays.
Outre la question électorale, la réunion abordera également la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation signé en 2019, pierre angulaire du retour progressif à la sécurité et à la coexistence pacifique entre les différentes composantes de la société centrafricaine.
Mme Rugwabiza devrait mettre en avant les efforts continus de la MINUSCA dans l’appui technique, logistique et sécuritaire aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des anciens combattants, un processus long mais essentiel pour réduire l’influence des groupes armés encore actifs dans plusieurs régions du pays.
Le rapport du Secrétaire général insiste sur la nécessité de maintenir l’engagement international en Centrafrique, tout en recommandant la prorogation du mandat de la MINUSCA pour une durée supplémentaire d’un an.
Cette mission, forte de plusieurs milliers de Casques bleus, demeure un pilier central dans la stabilisation du pays, la protection des civils et le soutien aux institutions républicaines.
Cependant, le renouvellement du mandat intervient dans un contexte particulièrement délicat pour les Nations Unies, confrontées à une crise de liquidités liée aux retards de paiement des contributions de plusieurs États membres.
Cette situation menace non seulement la continuité des opérations de maintien de la paix, mais aussi la capacité de l’Organisation à répondre efficacement aux urgences sécuritaires et humanitaires sur le terrain. Pour la communauté internationale, la Centrafrique reste un test majeur de la capacité collective à accompagner un État fragilisé vers une paix durable.
Alors que le pays s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire politique, l’ONU et ses partenaires régionaux sont appelés à renforcer leur soutien pour que les élections de décembre se déroulent dans un climat de sérénité et de transparence.
Entre les espoirs d’un renouveau démocratique et les menaces persistantes d’instabilité, la réunion du Conseil de sécurité s’annonce cruciale. Elle incarne la détermination de la communauté internationale à ne pas abandonner un peuple qui aspire, plus que jamais, à la paix, à la stabilité et à la dignité retrouvée.
Par Abed Meghit

 
			 
			 
		 
		 
		