Aux côtés des nombreux faits d’armes des Moudjahidine de l’Armée de libération nationale (ALN) durant la glorieuse Révolution, dans la région des Hauts plateaux, l’attaque de la poste centrale de Sétif, dans la soirée du vendredi 29 août 1958, figure parmi les exploits les plus retentissants.
Dans un contexte marqué par une intensification de la lutte armée, aussi bien dans les maquis que dans les villes, tout autant que par la multiplication des exactions de l’armée française (rafles, arrestations, internements, torture, exécutions sommaires), les Fidayine de Sétif, une région située au carrefour de trois wilayas historiques I, II et III, n’entendaient pas laisser le moindre répit aux forces coloniales. C’est ainsi que le commandement du Front de libération nationale (FLN) décida, en août 1958, au plus fort du quadrillage de la ville par la police, la gendarmerie et l’armée française, d’exécuter une opération dans le centre de l’agglomération de Sétif, en veillant à ce qu’elle soit la plus spectaculaire possible.
Amar Djemaâoui, dit Liamine, membre, malgré son jeune âge, du groupe désigné pour l’opération, raconte qu’un commando de l’ALN fut ainsi constitué par le sous-lieutenant Belgacem Smati avec pour mission d’attaquer la poste de Sétif, le vendredi 29 août à la tombée de la nuit. Selon M. Djemaâoui, l’opération de l’attaque de la poste, dont le maître d’œuvre fut Belgacem Smati, fut préparée avec une extrême minutie, ne laissant pas la moindre place au hasard.
Inspection et étude de la topographie des lieux, identification des accès pour décider de l’issue devant être utilisée pour battre en retraite à la fin de l’attaque, consignation des heures de relève de la garde chargée de protéger la poste et détermination du nombre de soldats affectés à cette mission, tout fut noté. Le vendredi 29 août, dans la matinée, le groupe de Fidayine fut constitué. Il était formé du sous-lieutenant Belgacem Smati, de Liamine Djemaâoui, de Laïd Guessoum, dit El Dahoui, de Rabah Baghdad, dit Rahmouni, en plus du chauffeur chargé de les conduire sur les lieux, le Moudjahid Saci Djehiche.
L’attaque avait été fixée pour le soir même, à 21 heures, peu après l’arrivée du groupe de soldats chargés de la garde. Les quatre Fidayine enfilèrent des uniformes de l’armée française, s’armèrent de mitraillettes et se dirigèrent, à l’heure convenue, vers la poste, en fait vers une porte secondaire, située sur le flanc du bâtiment, et donnant accès à la salle affectée aux soldats chargés de la garde des lieux. Cette action d’éclat qui mit le commandement de l’armée coloniale à Sétif dans tous ses états, d’autant qu’elle a été menée sans qu’un seul coup de feu ne fût tiré.
« Seul le chauffeur, Saci Djehiche, qui refusa notre proposition de brûler la voiture et de nous accompagner, fut arrêté la nuit même et exécuté froidement, sans jugement », confie M. Djemaâoui L’attaque de la poste centrale de Sétif aura démontré aux forces d’occupation que les Algériens étaient farouchement décidés, même au prix de leur sang, à se libérer du colonialisme et que l’indépendance de leur pays n’était qu’une question de temps.
