L’annonce de la signature, dimanche à Alger, de deux conventions d’études entre l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) et la compagnie américaine Occidental Petroleum (OXY) dépasse le simple cadre technique. Elle révèle en réalité une stratégie nationale visant à consolider la place de l’Algérie dans un paysage énergétique mondial en pleine mutation et à renforcer son attractivité pour les investisseurs étrangers. Les conventions portent sur l’évaluation du potentiel en hydrocarbures de deux zones stratégiques : le périmètre d’El Ouabed, situé dans le sillon de Benoud, et celui de Dahar, dans la partie nord des bassins de Berkine et Oued Mya. Si le bassin de Berkine est déjà reconnu comme l’un des plus prolifiques du pays, les zones d’El Ouabed et Dahar demeurent encore sous-explorées. Leur mise en valeur pourrait ouvrir de nouvelles perspectives d’exploitation, à un moment où l’Algérie cherche à accroître sa production pour répondre à la demande intérieure et honorer ses engagements internationaux. Occidental Petroleum n’est pas une nouvelle venue dans le paysage énergétique algérien. Présente depuis les années 1980, la compagnie américaine est un partenaire historique de Sonatrach et d’Alnaft. Son implication dans des projets majeurs comme Ourhoud, Hassi Berkine et El Merk a contribué à propulser l’Algérie parmi les acteurs incontournables de l’offre énergétique régionale.
En s’associant de nouveau avec cette multinationale, l’Algérie capitalise sur une relation de confiance bâtie sur plusieurs décennies, tout en bénéficiant du savoir-faire technologique et de l’expertise en exploration d’un acteur mondial. La signature de ces conventions survient dans un contexte géopolitique particulier. Les marchés mondiaux de l’énergie connaissent une forte volatilité, alimentée par la transition énergétique, les tensions géopolitiques et la redéfinition des flux d’approvisionnement, notamment vers l’Europe. L’Algérie, grâce à sa position géographique stratégique et à ses importantes réserves, figure parmi les alternatives crédibles aux grands producteurs traditionnels. En diversifiant ses partenariats avec des compagnies internationales comme Occidental, le pays envoie un signal clair : il entend rester un fournisseur fiable et compétitif, capable d’attirer des capitaux étrangers pour moderniser son secteur. L’importance de ces conventions dépasse la seule dimension économique.
Elles s’inscrivent dans une stratégie nationale où la diversification des partenariats énergétiques constitue un enjeu majeur. En s’ouvrant à des investisseurs américains, l’Algérie équilibre ses relations traditionnelles avec l’Europe et élargit sa marge de manœuvre sur le plan géopolitique. Sur le plan interne, ces accords contribuent aussi à la sécurité énergétique du pays. La croissance démographique, le développement industriel et l’augmentation de la consommation domestique exigent une planification minutieuse. Identifier de nouvelles ressources est donc crucial pour maintenir un équilibre entre l’exportation, source essentielle de devises, et les besoins internes. Pour Alnaft, la signature avec Occidental Petroleum illustre la volonté d’aller au-delà de la simple gestion des ressources connues. Il s’agit d’un pari sur l’avenir, visant à mieux connaître le sous-sol algérien et à attirer de futurs investissements qui pourraient transformer ces périmètres en nouveaux pôles de production.
En termes géopolitiques, ce rapprochement réaffirme également la place de l’Algérie dans le jeu énergétique mondial. En multipliant les partenariats avec des compagnies issues de différentes régions du globe, le pays s’assure une plus grande autonomie stratégique et une meilleure résilience face aux incertitudes du marché. Ces deux conventions d’études signées avec Occidental Petroleum traduisent donc bien plus qu’une coopération technique. Elles reflètent une vision stratégique : renforcer l’exploration, diversifier les partenariats, sécuriser l’approvisionnement énergétique et positionner l’Algérie comme un acteur incontournable dans un monde où l’énergie demeure au cœur des rapports de force économiques et géopolitiques.
ABED MEGHIT
