Les ministres des Affaires étrangères des trois pays donnent à Téhéran jusqu’à la fin du mois d’août pour parvenir à une solution négociée.
L’Allemagne, le Royaume-Uni et la France se disent prêts à déclencher le mécanisme de réimposition de sanctions contre l’Iran si aucune solution négociée n’est trouvée sur le programme nucléaire iranien d’ici la fin du mois. Les trois ministres des Affaires étrangères ont adressé mardi une lettre en ce sens au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et au Conseil de sécurité. Mercredi 13 août, confirmant une infirmation du quotidien Financial Times. Jean-Noël Barrot, l’Allemand Johann Wadephul et le Britannique David Lammy se disent néanmoins « pleinement engagés en faveur d’une résolution diplomatique de la crise provoquée par le programme nucléaire iranien et poursuivront leurs échanges en vue de parvenir à une solution négociée ». Cette déclaration commune survient deux mois après des frappes israéliennes et américaines sur des sites nucléaires en Iran qui ont mis un coup d’arrêt aux négociations entamées entre Téhéran et Washington d’une part et aux discussions avec le E3 – les trois pays européens -– d’autre part.
Des négociations à l’arrêt depuis deux mois
A la suite de cette guerre des douze jours, l’Iran avait suspendu sa coopération, déjà limitée, avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. Mais le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi a annoncé dimanche qu’un directeur général adjoint de l’organisme était attendu lundi à Téhéran pour discuter d’un nouveau cadre de coopération.
Abbas Araghchi a lui-même envoyé un courrier à l’ONU le mois dernier dans lequel il avait affirmé que le E3 n’avait pas de légitimité à réenclencher le mécanisme de sanctions. En guise de réponse, les ministres allemand, britannique et français écrivent dans leur lettre que ces affirmations sont « infondées ». En visite à Rome, le 12 juin dernier, le ministre des Affaires étrangères allemand, Johann Wadephul, avait déjà rappelé l’existence d’un mécanisme de retour en arrière, le « snapback », qui rétablirait, le cas échéant, les sanctions internationales à l’encontre de Téhéran, levées lors de l’accord de Vienne.
L’Iran tend de nouveau la main à l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA). Une délégation onusienne du nucléaire doit se rendre sur place d’ici « deux à trois semaines ». Il s’agit de discuter des « nouvelles modalités » des relations entre l’Iran et l’AIEA, a expliqué le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, mercredi 23 juillet.
Néanmoins, l’équipe de l’AIEA ne « se rendra pas sur les sites » nucléaires iraniens. Début juillet, dans la foulée des frappes américaines, Téhéran avait officiellement suspendu toute coopération avec l’AIEA, estimant que cette dernière avait une part de responsabilité dans le déclenchement de ces bombardements qui ont visé ses installations nucléaires.
Des pourparlers sont par ailleurs prévus vendredi à Istanbul avec la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Les trois pays accusent Téhéran de ne pas avoir respecté ses engagements et menacent de rétablir des sanctions, ce que l’Iran cherche à éviter. Si les Européens rétablissent des sanctions, « nous allons répliquer, nous allons répondre », prévient Kazem Gharibabadi, tout en disant vouloir privilégier la voie « diplomatique ».
Par ailleurs, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères a aussi assuré que « le plus tôt sera le mieux » quant à la reprise des pourparlers avec Washington. L’Iran et les Etats-Unis devaient en effet tenir un sixième cycle de négociations le 15 juin sous médiation d’Oman. Mais le rendez-vous avait été annulé après les frappes israéliennes contre l’Iran deux jours plus tôt.