Dans l’histoire de la presse algérienne, il est des noms qui ne se contentent pas de signer des articles ou de diriger des rédactions. Ce sont des bâtisseurs d’idées, des architectes d’institutions, des voix qui portent au-delà des murs des salles de rédaction pour façonner l’opinion et nourrir le débat national.
Cherbal Abdelmadjid, connu affectueusement sous le surnom d’“Antar”, est de cette trempe-là. Patriote ardent, directeur visionnaire, formateur de générations de journalistes, il a marqué à jamais le paysage médiatique algérien par son exigence professionnelle et son humanité. Trois ans après sa disparition, son souvenir demeure vivant dans le cœur de ceux qui l’ont connu, parmi lesquels Hassen Khelifati, Président-Directeur Général d’Alliance Assurances et Président de l’Union Algérienne des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR), qui garde de lui une admiration intacte et un respect infini.
La première rencontre : un geste simple, une empreinte durable
Le destin nous a réunis au début des années 2000, au Forum d’El Moudjahid, ce rendez-vous devenu institution nationale grâce à la vision d’Antar. Ce jour-là, Hassen Khelifati franchit pour la première fois les portes du siège du journal « El Moudjahid ». L’invitation venait directement de Cherbal Abdelmadjid dit Antar. « Il m’a accueilli avec cette chaleur humaine qui ne le quittait jamais. Dès les premiers mots, j’ai senti chez lui cette capacité rare à mettre à l’aise et à instaurer un respect mutuel », se souvient Khelifati. Le Forum n’était pas une tribune figée. C’était un véritable carrefour où se côtoyaient ministres, syndicalistes, intellectuels, artistes, étudiants et simples citoyens. Antar en était l’âme, orchestrant les débats avec un mélange unique de fermeté, d’écoute et de courtoisie. Ses invitations n’étaient pas protocolaires : elles étaient sincères, renouvelées chaque fois qu’un sujet méritait d’être porté à la discussion publique.
Le Forum d’El Moudjahid : un temple du débat national
Sous l’impulsion d’Antar, le Forum s’est imposé comme un lieu où l’Algérie se pensait et se racontait. Les échanges y étaient libres mais respectueux, animés mais constructifs. « Ce n’était pas seulement un plateau de presse, c’était une école vivante du dialogue », témoigne Khelifati. Et aujourd’hui encore, ce Forum perdure, preuve que l’esprit qu’Antar y a insufflé résiste au temps.
DK News et “Daawat Kheir” : informer pour construire
Après El Moudjahid, Cherbal Abdelmadjid dit Antar prend la direction de DK News. Là encore, il imprime sa marque : DK pour Daawat Kheir, « l’invitation au bien ». Ce n’était pas un simple slogan, mais une ligne éditoriale, presque une profession de foi. Informer, oui, mais pour élever, rapprocher, éveiller. Sous sa houlette, le journal devient un espace où actualité, réflexion et engagement citoyen se conjuguent. On y trouve des débats ouverts, des analyses fouillées et une constante volonté de servir l’intérêt général.
Un directeur et un pédagogue
Pour ceux qui ont travaillé avec lui, Antar était plus qu’un directeur : c’était un mentor. Il circulait dans les bureaux, relisait les papiers, corrigeait, conseillait, expliquait. Exigeant mais juste, il savait détecter un talent et lui donner confiance. « Il formait autant le journaliste que le citoyen », insiste Khelifati. Ses critiques, parfois sévères, n’étaient jamais gratuites : elles visaient toujours l’excellence et la crédibilité.
Un patriote exigeant et humain
Pour Antar, exercer le métier de journaliste signifiait servir l’Algérie. Il défendait avec force l’indépendance de la presse, la véracité de l’information et l’importance du rôle éducatif des médias. Sa vision dépassait les clivages politiques : il cherchait à rapprocher, à comprendre et à faire comprendre. Son perfectionnisme se doublait d’une grande humanité. Il savait que derrière chaque plume, il y avait un être humain, avec ses forces et ses fragilités.
Patriotisme et indépendance
Cherbal Abdelmadjid dit Antar ne voyait pas le journalisme comme un métier, mais comme une mission au service de l’Algérie. Défendre l’indépendance de la presse, garantir la véracité de l’information, donner la parole à toutes les sensibilités : telle était sa ligne de conduite. Son patriotisme ne se déclamait pas, il se vivait, chaque jour, dans les choix éditoriaux, dans la rigueur des vérifications et dans l’engagement pour les causes justes.
Un homme de cœur
Derrière le professionnel exigeant se cachait un homme profondément humain. « Qu’il s’agisse d’un haut responsable ou d’un simple citoyen, il écoutait avec la même attention », raconte Khelifati. Cette égalité de traitement, cette ouverture à l’autre, a forgé autour de lui un cercle d’amitiés sincères et durables.
Un héritage vivant
Le Forum d’El Moudjahid, toujours actif, et DK News, toujours fidèle à l’esprit du Daawat Kheir, sont les témoins concrets de son héritage. Partout où il est passé, Antar a laissé des structures solides, des équipes soudées et un esprit de mission. Pour Khelifati, ces réalisations sont autant de ponts entre les générations, les idées et les Algériens.
Un hommage éternel
« Merci pour votre patriotisme, votre professionnalisme et votre humanité », conclut Khelifati, la voix chargée d’émotion. « Que Dieu vous accorde Sa miséricorde et vous accueille dans Son vaste Paradis. Votre nom restera à jamais associé à l’esprit du Daawat Kheir que vous avez incarné jusqu’au bout. » Dans une Algérie qui aspire à des débats constructifs et à une presse forte, le nom de Cherbal Abdelmadjid dit “Antar” continue de résonner comme un rappel que le journalisme, lorsqu’il est guidé par la vérité et l’amour du pays, peut être un puissant moteur d’unité et de progrès.
A. M.