Le 29 juillet 2022 restera gravé comme une date douloureuse pour la presse nationale. Cherbal Abdelmadjid , connu dans le milieu médiatique sous le surnom de « Antar », s’est éteint à l’âge
de 74 ans, laissant derrière lui une empreinte indélébile dans l’histoire du journalisme algérien. 
Ancien directeur général du prestigieux quotidien El Moudjahid, il fut, tout au long de sa carrière, un artisan du mot juste, un défenseur rigoureux de l’éthique journalistique, mais aussi un homme d’une rare humilité.
Un parcours façonné par la passion de l’écriture et l’engagement national
Né le 10 septembre 1948 dans la wilaya de Sétif, Abdelmadjid Cherbal grandit dans une Algérie en pleine reconstruction, marquée par les soubresauts de l’après-indépendance. Très tôt, il se découvre une passion pour la presse écrite et une conscience politique affirmée. En 1969, il franchit les portes de la rédaction du quotidien El Moudjahid, à une époque où le journal jouait un rôle central dans la structuration du discours national post-révolutionnaire.
Doté d’une plume affûtée et d’un esprit analytique pointu, il s’impose rapidement par la qualité de ses analyses, la sobriété de son style et sa fidélité aux idéaux du service public. Il gravit, au fil des ans, les échelons jusqu’à occuper le poste de directeur général du journal, où il aura la lourde mais noble responsabilité de maintenir la ligne éditoriale du titre tout en l’adaptant aux mutations politiques et sociales du pays.
Le « grand frère » des journalistes : respect, exigence et transmission
Au-delà des titres et des fonctions, Abdelmadjid Cherbal était surtout respecté comme un mentor, un grand frère et un homme de valeurs. Pour ses confrères, il était Antar : un sobriquet hérité de son caractère droit, de son franc-parler et de son sens aigu de la responsabilité. Plusieurs journalistes, aujourd’hui reconnus, témoignent de son rôle de formateur discret mais influent, exigeant mais toujours bienveillant.
Il croyait profondément au pouvoir de l’écrit et à la nécessité pour le journaliste de s’élever au-dessus de l’instantané, de contextualiser, de vérifier, de rester fidèle à la vérité. Il n’acceptait ni la facilité, ni la compromission. Son bureau, au siège d’El Moudjahid, était à la fois un centre de réflexion et une école de rigueur.
Un homme de dialogue, de culture et d’engagement discret
Abdelmadjid Cherbal ne se limitait pas à la sphère médiatique. Grand
lecteur, passionné d’histoire et de géopolitique, il savait nouer le dialogue avec des intellectuels, des décideurs, des diplomates ou de simples citoyens. Il militait, souvent dans l’ombre, pour une presse libre, responsable, et capable de jouer pleinement son rôle dans l’édification de l’État.
Il fut également un acteur discret mais présent dans les grands débats sur l’indépendance de la presse, la formation des jeunes journalistes, et la nécessité de moderniser les outils et les méthodes de traitement de l’information. Son approche, fondée sur l’écoute et le bon sens, lui a valu l’estime de nombreux professionnels, au-delà des clivages idéologiques.
Une disparition qui endeuille toute une génération
Son décès, survenu un vendredi 29 juillet 2022, a provoqué une onde de tristesse dans le monde de la presse et bien au-delà. Anciens confrères, jeunes journalistes, responsables d’institutions, lecteurs fidèles… tous saluent la mémoire d’un homme qui a su incarner la dignité du métier. Si la mort l’a arraché aux siens, son souvenir demeure vivant dans chaque article inspiré par l’honnêteté intellectuelle, chaque débat défendant l’indépendance du journalisme, et dans le regard de ceux qu’il a formés ou conseillés.
En ces instants empreints d’émotion, une pensée particulière va à sa famille, à ses amis, à ses anciens collègues, et à tous ceux qui ont partagé un pan de route avec lui.
Un héritage à faire fructifier
Aujourd’hui, alors que la presse nationale est appelée à se réinventer face aux défis du numérique, de la désinformation et de la perte de confiance du public, l’exemple de Cherbal Antar reste une boussole. Il incarne cette génération de journalistes qui ont œuvré sans relâche pour que l’information soit un bien public, et non une marchandise. Son parcours force le respect, son héritage appelle à la continuité.
Antar :
Tu as su donner sens au mot « journaliste ». Que ton souvenir continue d’inspirer celles et ceux qui, demain encore, écriront l’histoire.

 
			 
			 
		 
		 
		