Un marché volontaire du carbone et un système de mesure, de rapportage et de vérification (MRV) ont été lancés, lundi à Alger, en tant que nouveaux mécanismes de soutien de la transition environnementale en matière de gestion des déchets.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet de « Gestion intégrée des déchets et production d’énergie au niveau local – AIM-WELL », fruit d’un partenariat national avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
L’annonce a été faite lors d’un workshop technique dédié à la conception du marché du carbone et du système MRV, en présence de la ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali, du ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, du président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), Mohamed Boukhari , de la représentante résidente par intérim du PNUD en Algérie, Francesca Nardini, ainsi que des représentants de plusieurs ministères et organismes nationaux.
Le projet AIM-WELL et l’initiative du marché volontaire du carbone constituent deux piliers essentiels au développement de l’économie verte en Algérie, dans la cadre d’une vision nationale visant à considérer les déchets comme une ressource économique et une source d’énergie, conformément aux engagements internationaux en matière de climat. Selon les explications données, le marché volontaire du carbone encourage les entreprises à investir dans des projets verts visant à réduire la pollution et à réaliser la neutralité carbone à long terme, sous la supervision du système MRV qui garantit transparence et crédibilité. Lors de l’ouverture des travaux du workshop, Mme Djilali a affirmé que ce projet constituait « un jalon pour une transformation radicale » de l’approche du développement de l’Algérie nouvelle vers un modèle global et durable consacrant les principes de l’économie circulaire et redonnant à l’environnement toute sa place.
La ministre a précisé que ce projet, prévu pour la période 2023-2028, constitue une expérience modèle en matière de gestion des déchets, basée sur la planification scientifique, la numérisation et le partenariat communautaire, indiquant que deux wilayas, Constantine et Sétif, ont été choisies comme zones expérimentales pour la mise en œuvre des schémas directeurs, parallèlement à l’actualisation du cadre législatif et à l’intégration des mécanismes numériques intelligents pour garantir la transparence et le contrôle en temps réel.
Elle a également souligné que le projet AIM-WELL n’est pas seulement un projet de gestion des déchets, mais une initiative nationale pour repenser la relation entre le citoyen et son environnement, entre les déchets et le développement, en visant à sa généralisation aux autres wilayas du pays, au titre d’une stratégie globale. De son côté, le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb a estimé que le projet représente « une opportunité stratégique », afin de stimuler l’investissement dans les techniques propres et le développement de nouvelles industries vertes génératrices de valeur ajoutée et d’emplois. Pour M. Ghrieb, le système MRV est un outil essentiel, à même d’assurer la transparence et la crédibilité dans la réduction des émissions, ce qui permet aux entreprises d’accéder aux marchés mondiaux du carbone et de bénéficier des mécanismes de financement climatique.
Le ministre a, en outre, annoncé que son secteur œuvrait à la facilitation de l’intégration des industries manufacturières au sein de ce système, notamment en matière du ciment vert, relevant des projets comme l’usine de Djelfa, celle de Relizane, et la seconde ligne de l’usine d’Adrar, dont la capacité totale dépasse 5 millions de tonnes, toutes conformes aux normes environnementales et à faible empreinte carbone.
La représentante du PNUD en Algérie, Francesca Nardini, a souligné quant à elle, la forte croissance du marché volontaire du carbone au niveau mondial, précisant qu’en 2003 seulement, plus de 2 milliards de dollars ont été mobilisés pour financer des projets concrets dans les domaines de reboisement, de gestion des déchets, de l’efficience énergétique et de la transformation industrielle ».
Elle a ajouté que ce marché représente » une passerelle stratégique » entre l’action climatique nationale et les initiatives civiles et internationales, soulignant son rôle dans le soutien aux chaînes de valeur bas carbone, à l’innovation technologique et à l’attraction des investissements durables. Selon elle, le marché du carbone n’est pas qu’un simple outil économique, mais bien un catalyseur d’une transformation systémique globale, affirmant que son succès repose sur des bases solides de transparence et de confiance.
Mme Francesca Nardini a conclu que l’organisation de cet atelier constitue une étape vers l’affirmation de l’Algérie, en tant qu’acteur actif et influent sur le marché du carbone, à travers l’édification d’un système national global bénéfique pour le climat, l’économie et la qualité de vie des citoyens.