Les intervenants à la conférence organisée mardi par le Groupe de Genève de soutien au Sahara occidental, en marge de la 59e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, ont unanimement affirmé que le respect de la Charte des Nations Unies et de ses principes consacrés en matière de décolonisation constituait la seule voie pour régler le conflit au Sahara occidental.
La conférence, placée sous le thème « L’avenir de la décolonisation et la nécessité de renforcer la diplomatie multilatérale », a été ouverte par le président tournant du Groupe, l’ambassadeur permanent de la Tanzanie, Abdallah Possi, qui a réaffirmé l’engagement du Groupe de Genève des pays soutenant le Sahara occidental à accompagner le peuple sahraoui dans sa lutte pour la liberté et l’autodétermination.
Dans son intervention, l’avocat du Front Polisario devant les juridictions européennes, Me.
Manuel Devers, a mis en garde les puissances internationales influentes, notamment la France, contre la poursuite de la « légitimation » de l’occupation marocaine du Sahara occidental et la violation du droit et de la légalité internationale.
De son côté, le professeur en relations internationales à l’Université Complutense de Madrid, Isaias Barrenada, a évoqué l’état de la diplomatie multilatérale concernant le Sahara occidental et la « responsabilité historique de l’Espagne dans le processus de règlement pacifique au Sahara occidental, en tant que puissance administrante à ce jour », soulignant que cela « impose à Madrid de contribuer activement au processus de décolonisation du territoire, conformément aux principes du droit international ».
Claude Mangin Asfari, membre de l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique et militante française a, quant à elle, abordé les souffrances qu’elle endure face aux autorités d’occupation marocaines et la complicité de la France qui l’empêche de rendre visite à son mari, Naâma Asfari, détenu au sein du groupe de Gdeim Izik, détaillant la situation déplorable des droits de l’homme dans les villes occupées du Sahara occidental.
Elle a, en outre, dénoncé l’incapacité des Nations Unies et de leurs mécanismes multilatéraux d’assurer le minimum de protection aux civils sahraouis, ouvrant ainsi la voie au Maroc pour poursuivre sa répression à l’encontre du peuple sahraoui en toute impunité.
Pour sa part, le représentant de la République sahraouie auprès de la Suisse, des Nations unies et des organisations internationales à Genève, Oubi Bouchraya Bachir a évoqué la cause sahraouie et ses étapes phares dans le cadre de l’approche de la diplomatie multilatérale face à la diplomatie unilatérale, soulignant que l’appui actuel de certains Etats à la proposition marocaine coloniale du prétendu plan d’autonomie « ne constitue qu’un appui pour consacrer le fait accompli et une violation du droit international ».
Pour le diplomate sahraoui, de telles positions « ne mèneront pas à un règlement pacifique juste, mais contribueront à faire perdurer le conflit et à ouvrir la voie à d’éventuelles dérives aux conséquences désastreuses sur la sécurité et la stabilité de la région ».
Le Front Polisario « a fait preuve d’une grande flexibilité au cours des dernières années pour apporter une contribution constructive aux efforts des Nations Unies en vue de parachever le processus de décolonisation », a-t-il ajouté, soulignant que « le droit du peuple sahraoui à exercer librement et en toute transparence son autodétermination est la ligne rouge à ne pas franchir ».
Adhésion du CODESA à l’Organisation mondiale contre la torture
Le Collectif des défenseurs sahraouis des droits humains au Sahara occidental (CODESA) a annoncé son adhésion à l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), un réseau international regroupant plus de 200 organisations de défense des droits de l’Homme à travers le monde.
Dans un communiqué rendu public mardi, le CODESA a précisé que son adhésion à l’OMCT, rendue possible grâce au soutien et à l’appui de plusieurs organisations, permettra de « renforcer la protection des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme, ainsi que des victimes, face aux multiples dangers engendrés par les restrictions imposées aux mouvements sahraouis de défense des droits humains, empêchés d’exercer leurs droits fondamentaux au Sahara occidental ».
Cette adhésion, ajoute le CODESA, contribuera également à « renforcer et élargir les espaces de plaidoyer international contre les violations et les crimes (torture et exécutions extrajudiciaires) commis par la force d’occupation marocaine à l’encontre des civils sahraouis au Sahara occidental ».
Tout en exprimant sa gratitude à l’OMCT, ainsi qu’à toutes les organisations ayant favorablement accueilli sa demande d’adhésion à ce réseau international, le CODESA a réaffirmé « son engagement indéfectible envers les principes et normes des droits de l’Homme et de la justice internationale, ainsi que sa volonté de préserver cet acquis, à même de faire entendre la voix des victimes et de dénoncer les exactions auxquelles se livre la force d’occupation marocaine au Sahara occidental devant l’opinion publique et les juridictions internationales ».