L’Association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD) a dénoncé lundi l’expulsion, par les autorités marocaines, d’au moins 14 militants et hommes politiques européens venus au Maroc dans le cadre de la « Marche de la Liberté » en solidarité avec les détenus politiques sahraouis.
« Le Maroc prétend défendre le respect des droits humains, et pourtant il vient à nouveau d’expulser 14 personnes dont quatre élus français et espagnols », indique l’association qui fait état d’actes de violence de la part de la police marocaine à l’arrivée du ferry transportant les militants à Tanger depuis l’Espagne.
« Pouvions-nous espérer avec toutes celles et tous ceux qui ont marché, manifesté, écrit aux prisonniers politiques sahraouis depuis le 30 mars à Ivry, que les 14 délégués de la marche, pourraient pacifiquement entrer au Maroc, rencontrer à Rabat les familles des prisonniers et avoir la possibilité d’approcher la prison de Kénitra pour avoir de leurs nouvelles et leur remettre les très nombreux courriers écrits depuis deux mois ? », s’est interrogée l’AARASD dans un communiqué.
« Non ! La délégation fortement malmenée par une police marocaine nombreuse qui avait investi le ferry Tarifa -Tanger, ne les a pas laissés quitter le ferry, les empêchant sans notification d’expulsion et sans aucune explication d’entrer au Maroc », ajoute le même texte.
« Quelle conduite scandaleuse ! Claude Mangin-Asfari (militante française dont l’époux est détenu au Maroc), qui conduisait la délégation, n’a pas vu son mari depuis plus de 5 ans.
Elle nous a dit dès sa sortie du ferry combien cette nouvelle expulsion lui était douloureuse mais combien aussi elle était fière et rassurée d’être autant entourée », ajoute l’association.
« Comment ne pas condamner cette nouvelle expulsion qui témoigne d’une opposition radicale des autorités marocaines pour toute expression contraire à leur exaltation nationaliste, qui depuis 50 ans occupe un territoire qui n’est pas le leur ? », s’insurge l’association.
Elle estime que le Maroc est un Etat « qui s’affiche résolument en opposition aux résolutions de l’ONU et bafoue le droit international et le droit de la décolonisation ».
« L’Association des Amis de la RASD a soutenu depuis sa préparation et son départ à Ivry le 30 mars, cette marche pour la libération des prisonniers politiques sahraouis et a fait partie de la délégation qui vient d’être expulsée.
Cette marche pour la libération des détenus sahraouis, elle va la poursuivre sous d’autres formes, c’est un combat qui s’inscrit dans la nécessaire application du droit international et pour le respect des droits humains, partout où ils sont bafoués », promet-elle.
La « Marche de la Liberté », entamée il y a deux mois, devait s’achever le 31 mai à la prison de Kénitra, au Maroc où sont détenus arbitrairement des prisonniers politiques sahraouis.
Elle aura couvert, en tout, une distance de 3.000 km (à pied, en vélo, en voiture, en transports en commun).
Elle a fait plusieurs escales dans des villes françaises et espagnoles, au cours desquelles des tables rondes, des conférences, des rencontres avec des élus, des expositions et autres activités ont été organisées afin de faire connaître la cause sahraouie.
La jeunesse sahraouie de France condamne l’interdiction d’entrée « arbitraire et illégale » faite par le Makhzen aux participants à la « Marche de la Liberté »
L’Association de la jeunesse sahraouie de France a condamné, lundi, avec « la plus grande fermeté » l’interdiction d’entrée « arbitraire et illégale » faite par le Makhzen aux participants à la « Marche de la Liberté », dénonçant une « violation flagrante des principes fondamentaux des droits de l’homme ».
« L’Association de la jeunesse sahraouie de France condamne avec la plus grande fermeté l’expulsion arbitraire et illégale de Madame Claude Mangin, épouse du prisonnier civil Naama Asfari et militante des droits humains, connue pour son engagement ferme et de principe en faveur de la cause sahraouie, ainsi que celle des membres de la Marche pour la Liberté en soutien à la libération des prisonniers politiques sahraouis, par les autorités de l’occupation marocaine », a indiqué l’association dans un communiqué.
Lancée le 30 mars dernier, la « Marche de la Liberté » a traversé la France puis l’Espagne et devait arriver à Kenitra, au Maroc, pour réclamer la libération des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les geôles de l’occupant marocain.
Cependant, les participants à cette marche ont été empêchés samedi de débarquer du ferry qu’ils avaient pris de Tarifa (Espagne) à destination de Tanger.
« Cet acte répressif constitue une violation flagrante des principes fondamentaux des droits de l’homme, de la liberté de circulation et d’expression », a affirmé la jeunesse sahraouie de France.
Pour cette communauté, cet acte « reflète une politique d’intimidation et de répression systématique exercée par l’Etat occupant à l’encontre de toute voix libre défendant la justice et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».
Exprimant sa « solidarité totale et inconditionnelle » avec Claude Mangin et l’ensemble des participants à « la Marche pour la Liberté », l’association tient le Maroc pour « pleinement responsable de cette violation grave » et appelle la communauté internationale en particulier l’Union européenne et les organisations internationales de défense des droits humains à « assumer ses responsabilités face à ces pratiques arbitraires ».
« Nous saluons par ailleurs le courage et l’engagement des militants internationaux qui n’hésitent pas à se tenir aux côtés de la juste cause de notre peuple.
De telles actions répressives ne feront que renforcer notre détermination à poursuivre la lutte jusqu’à l’obtention de la liberté et de l’indépendance », a-t-elle ajouté.
Sahara occidental : la seule solution au conflit est celle prévue par le plan de règlement ONU-OUA (ministère)
Le ministère sahraoui des Affaires étrangères et des questions africaines a rappelé, lundi, que l’unique solution au conflit au Sahara occidental est celle basée sur le plan de règlement adopté conjointement par l’ONU et l’Organisation de l’unité africaine (OUA-actuellement Union africaine), déplorant la nouvelle position du Royaume-Uni en faveur du prétendu plan d’autonomie proposé par le Maroc.
Le ministère sahraoui a indiqué avoir « pris connaissance du communiqué conjoint entre le Royaume-Uni et le Maroc, notamment la partie relative au Sahara occidental », notant, néanmoins, que Londres « explique qu’elle ne reconnaît aucune souveraineté à l’occupant marocain sur le Sahara occidental ».
Il a également précisé que le Royaume-Uni a insisté de nouveau sur « l’importance d’un ordre mondiale basé sur les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, tout en soutenant le principe de l’autodétermination » des peuples.
« La seule solution possible est celle basée sur un consensus pratique et raisonnable, à savoir le plan de règlement conjoint mis au point par l’Organisation des Nations unies et l’Organisation de l’unité africaine, accepté par les deux parties, le Front Polisario et le Maroc en 1988 et approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité en 1990 et 1991 », souligne la même source.
Toutefois, le ministère sahraoui des Affaires étrangères fait part de son « profond regret » et de sa « déception », car « le Royaume-Uni, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, a choisi ce qui a été baptisé +proposition+ marocaine en employant des termes à l’opposé de sa posture habituelle vis-à-vis de la question sahraouie, qui n’est autre qu’une question de décolonisation à l’ordre du jour de l’ONU depuis 1963 ».
Le ministère a dit espérer, par ailleurs, voir le Royaume-Uni « user de son influence pour encourager la mise en place d’un processus de paix sérieux concernant le Sahara occidental, mené sous l’égide des Nations unies et donnant la possibilité au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable de disposer librement de son avenir sans entraves militaires ou administratives ».
Le ministère a souligné, une nouvelle fois, que la « proposition » marocaine « n’est rien d’autre qu’une farce et une manœuvre à caractère colonial visant uniquement à légitimer l’occupation illégale du Sahara occidental et à priver son peuple de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance ».
Il notera, en outre, que « les organisations comme les juridictions internationales et régionales ne reconnaissant aucune autorité marocaine sur le Sahara occidental ».
Il réaffirme, d’autre part, la volonté du Front Polisario de participer au processus de paix mené par l’ONU et de contribuer de façon constructive à la concrétisation d’une solution pacifique et durable pour mettre fin à l’occupation du Sahara occidental.
Il a fait part, enfin, de la détermination du peuple sahraoui à obtenir ses droits légitimes à la liberté et à l’indépendance.