Des milliers de personnes ont manifesté, samedi à Madrid, pour exiger du gouvernement de Pedro Sanchez une position « claire et ferme » dénonçant l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc et pour réclamer l’autodétermination du peuple sahraoui.
Selon les organisateurs, plus de 3000 personnes des différents comités, associations et organisations de solidarité avec le peuple sahraoui se sont rassemblés devant la gare d’Atocha pour afficher leur soutien au peuple sahraoui et appeler au respect du droit international au Sahara occidental. Le cortège s’est ébranlé en début d’après-midi et des groupes importants de manifestants ont convergé de diverses régions d’Espagne vers la Place Puerta del Sol. Organisée à l’appel de la Coordination des associations de solidarité avec le Sahara occidental (CEAS Sahara), la manifestation a attiré des hommes politiques, des représentants du monde de la Culture et de la Société civile qui ont marché aux côtés du représentant du Front Polisario en Espagne, Abdullah Alarabi. La manifestation a été menée par le secrétaire général d' »Izquierda Unida », Enrique Santiago, la parlementaire Estrella Galan et l’eurodéputée Isa Serra qui ont défilé derrière une grande banderole réclamant « l’autodétermination du peuple sahraoui » et le « respect des arrêts de la Cour de justice de l’UE ».
Les manifestants ont battu le pavé aux cris de « Non aux accords de Madrid », « Stop aux violations des droits de l’homme au Sahara occidental », appelant au « respect des résolutions de l’ONU » et à « l’organisation du référendum d’autodétermination » au Sahara occidental. Les participants à la manifestation, venus des quatre coins d’Espagne, ont scandé également des slogans dénonçant le « pillage » des richesses naturelles du Sahara occidental et ont levé des banderoles demandant le respect du principe de la souveraineté permanente des peuples sur leurs ressources naturelles.
Ils ont exigé, en outre, de l’Union européenne (UE) de se conformer aux arrêts de sa Cour de Justice concernant le Sahara occidental. La haute juridiction européenne a invalidé, début octobre, deux accords commerciaux entre l’UE et le Maroc, précisant que les ressources naturelles du Sahara occidental ne peuvent être exploitées sans le consentement du peuple sahraoui, légitimement représenté par le Front Polisario.
« Cette décision de justice réaffirme que le Sahara occidental n’est pas un territoire marocain et ne peut donc être inclus dans des accords sans violer le droit international », avait souligné la CEAS Sahara, dans son appel à manifester. La « forte mobilisation » de ce samedi à Madrid, des défenseurs de la cause sahraouie vient aussi « rappeler au gouvernement espagnol et à la communauté internationale que la juste revendication du peuple sahraoui à son autodétermination est un droit inaliénable et imprescriptible », ont fait remarquer les organisateurs, réitérant leur rejet des accords de Madrid, qui ont « condamné le peuple sahraoui à plus de quatre décennies d’exode et de souffrance ». Ces accords signés le 14 novembre 1975 à Madrid par l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, établissent les conditions du retrait espagnol du Sahara occidental et la partition du territoire entre le Maroc et la Mauritanie. Mais cette dernière a abandonné toute revendication sur la région depuis août 1979.
L’universitaire Luis Portillo appelle l’Espagne à se ranger du côté de la justice
Fervent défenseur de la cause sahraouie, le professeur espagnol Luis Portillo Pasqual del Riquelme appelle les dirigeants de son pays à « se ranger du côté de la justice » et à défendre les droits du peuple sahraoui qu’ils n’auraient jamais dû abandonner et envers lequel ils ont « une immense dette ». Dans un entretien avec le site espagnol d’informations « Contramutis », à l’occasion de la parution de son livre « Pour la défense de la cause sahraouie », cet ancien professeur de l’université autonome de Madrid a exhorté le gouvernement espagnol à se conformer aux décisions de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et à respecter les résolutions de l’ONU sur le Sahara Occidental. Il explique, à ce titre, que ce livre sous titré Témoignages de dénonciation, résistance et solidarité », vise à « donner la parole aux Sahraouis, dépossédés de leur terre, de leurs droits et de leur liberté pour démasquer les responsables de cette situation », et exiger des dirigeants espagnols d’assumer leurs obligations vis-à-vis du peuple sahraoui et de « prendre le parti de la justice et défendre les droits d’un peuple qu’ils n’auraient jamais dû abandonner et envers lequel ils ont une immense dette ».
« Pour la défense de la cause sahraouie » est une compilation d’une bonne partie des articles publiés par l’auteur depuis plus de trois décennies sur le Sahara occidental et la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance. Il comprend également plusieurs écrits – tels que des lettres aux journaux, aux universitaires, aux députés espagnols, aux députés européens, aux membres du Conseil de sécurité et à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, dont certains n’ont jamais été publiés.
Ces écrits constituent un ensemble de témoignages de dénonciation, de résistance, de solidarité et de soutien à la cause sahraouie, que l’auteur souhaite mettre à la disposition de toute personne intéressée afin qu’elle puisse « se documenter et les utiliser, le cas échéant, pour soutenir la cause sahraouie ».Cette compilation d’articles et de témoignages devrait « contribuer à mieux comprendre les raisons de la longue lutte du peuple sahraoui pour sa liberté et son indépendance, qui n’est pas sans rappeler celle du peuple sud-africain contre le régime de l’apartheid », a-t-il indiqué.
Ces articles, publiés entre 2007 et 2024, ont abordé différentes thématiques allant du pillage des ressources naturelles du Sahara occidental, au chantage exercé par le Makhzen sur les dirigeants espagnols, en passant par la réfutation des revendications marocaines sur le Sahara occidental, la violation des résolutions de l’ONU, le non respect des arrêts de la CJUE, l’acharnement judiciaire marocain contre le journaliste Ignacio Cembrero ou encore l’abandon des prisonniers politiques sahraouis. D’ailleurs, Luis Portillo continue, depuis plus de 3 ans, à participer chaque lundi aux manifestations organisées par un mouvement espagnol de soutien aux prisonniers politiques sahraouis devant le siège du ministère espagnol des Affaires étrangères pour exiger de l’Espagne, puissance administrante du Sahara occidental, la libération de ces prisonniers des geôles marocaines. « Le peuple sahraoui a fait l’objet d’innombrables attaques de la part de ceux qui cherchent à nier son existence en tant que peuple, à effacer son identité nationale et à dénigrer sa juste cause pour l’indépendance », a-t-il souligné, exprimant son « indignation » devant cette injustice faite au peuple sahraoui depuis les accords de Madrid. Ces accords signés le 14 novembre 1975 à Madrid par l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, établissent les conditions du retrait espagnol du Sahara occidental et la partition du territoire entre le Maroc et la Mauritanie. Mais cette dernière a abandonné toute revendication sur la région depuis août 1979.