FRANCE : Bruno Retailleau, grand perdant du réchauffement entre Paris et Alger

dknews
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Alors que la France et l’Algérie amorcent un nouveau rapprochement diplomatique, la position du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se fragilise. Celui qui avait promis de démissionner si sa ligne dure n’était pas adoptée, semble aujourd’hui mis à l’écart sans tenir parole. La récente visite du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en Algérie, a ravivé le débat sur l’efficacité de la stratégie dite de la “poigne de fer”, prônée par Bruno Retailleau pour gérer la crise franco-algérienne.

Cette ligne dure, érigée en condition pour sa continuité au sein du gouvernement de François Bayrou, semble aujourd’hui contestée, tant sur la scène politique que médiatique. Pendant plusieurs semaines, Retailleau s’est imposé comme une figure médiatique, multipliant les attaques virulentes contre Alger. Mais ce ton offensif n’a manifestement pas produit les effets escomptés. Le retour à une diplomatie plus souple, incarnée par Jean-Noël Barrot, soulève des interrogations sur la pertinence de la méthode Retailleau. Son rival au sein du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, n’a pas manqué de critiquer son approche : Le journal Le Parisien a aussi ironisé sur l’éviction du ministre de l’Intérieur du dossier algérien, soulignant que ce sont désormais les ministres des Affaires étrangères et de la Justice et non Retailleau, qui se rendent à Alger pour relancer la coopération bilatérale. En effet, malgré ses déclarations répétées sur sa volonté de quitter le gouvernement en cas de désaveu, Bruno Retailleau est toujours en poste, alors que le traitement de la crise lui a été retiré pour être confié à l’Élysée et au Quai d’Orsay.

Dans les rangs des Républicains, certains estiment que la stratégie de confrontation n’a rien apporté à la France, bien au contraire : « On a l’impression d’un retour au dialogue sans aucune contrepartie, tandis que nos intérêts en Algérie ont reculé », confie une source interne. En toile de fond, la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, alimente aussi les tensions. Certains reprochent à Retailleau d’avoir attisé le conflit, compliquant la gestion de cette affaire sensible. Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur grand perdant du réchauffement. En visite officielle à Alger, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé la volonté de la France de relancer une relation apaisée et équilibrée avec l’Algérie. Porteur d’un message du président Emmanuel Macron, le ministre a souligné le souhait de « tourner la page des tensions » et de reconstruire « un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé » entre les deux pays.

À l’issue d’un long entretien avec le président Abdelmadjid Tebboune, en présence du ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, Jean-Noël Barrot a rappelé l’importance stratégique de cette visite, intervenue moins d’une semaine après un échange téléphonique entre les deux chefs d’État. « Les tensions de ces derniers mois ne servent ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de reprendre le dialogue, porté par les liens humains, historiques et culturels profonds unissant les deux peuples. Le ministre français a affirmé la volonté de Paris de réactiver tous les mécanismes de coopération bilatérale, dans un esprit de discrétion, d’efficacité et de résultats. Cette reprise concernera notamment les domaines sécuritaire, judiciaire, migratoire, économique et mémoriel. Sur le plan sécuritaire, les contacts entre services de renseignement reprendront et une réunion de haut niveau entre responsables de la sécurité est prévue. Un dialogue stratégique sur la situation au Sahel sera également engagé. Concernant la coopération judiciaire, Jean-Noël Barrot a annoncé la prochaine visite du Garde des Sceaux français en Algérie.
A. M.

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