La Coordination d’Etat des associations solidaires avec le Sahara occidental (CEAS-Sahara) a exprimé son engagement à défendre les droits légitimes du peuple du Sahara occidental, après l’expulsion dimanche de deux militants et d’un journaliste espagnols de la ville occupée de Dakhla par le Maroc.
Dans un communiqué publié dimanche et signé par sa présidente, Maite Isla, CEAS-Sahara a rapporté que les trois hommes « participaient à une mission d’observation de la situation alarmante des droits de l’homme vécue par la population civile sahraouie dans les zones occupées du Sahara occidental ». Selon la coordination, les deux militants et le journaliste sont arrivés à Dakhla occupée en provenance de Madrid pour dénoncer aussi l’illégalité du lancement par la compagnie aérienne Ryanair de vols directs vers la ville sahraouie.
Elle a considéré le lancement de cette liaison comme un « autre exemple de la complicité de la compagnie dans l’occupation illégale du Sahara occidental ». La CEAS-Sahara a réaffirmé qu’elle « continuera à œuvrer pour défendre les droits légitimes du peuple du Sahara occidental, quelle que soit la complexité du contexte ».
Elle a fait savoir également que le Coordonnateur de la CEAS-Sahara avait signalé les incidents au ministère espagnol des Affaires étrangères. La CEAS-Sahara a réitéré « son soutien au travail de promotion et de défense des droits de l’homme mené par toutes les personnes et entités, notamment sur le territoire du Sahara occidental occupé » et exprimé en outre sa solidarité avec les personnes expulsées de manière « injustifiée ».
L’accord aérien UE/Maroc ne s’applique pas au Sahara occidental (Commissaire européen)
L’accord aérien entre l’Union européenne (UE) et le royaume du Maroc ne s’applique pas au Sahara occidental, a réaffirmé le nouveau commissaire européen aux Transports et au Tourisme durable, le grec, Apostolos Tzitzikostas.
« Le 3 décembre 2024, lors de la réunion du Forum consultatif sur la politique extérieure de l’UE en matière d’aviation, la Commission a informé les transporteurs de l’UE que, conformément à la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne, l’accord aérien euro-méditerranéen entre l’UE et le Maroc ne s’applique pas aux liaisons aériennes au départ du territoire d’un Etat membre de l’UE vers le territoire du Sahara occidental », a-t-il écrit dans sa réponse à une question parlementaire.
En effet, la Cour de justice de l’UE (CJUE) a annulé l’application de l’accord aérien UE-Maroc au Sahara occidental.
Dans un arrêt rendu le 30 novembre 2018, la haute juridiction européenne a précisé que le territoire marocain doit être compris comme « faisant référence au zone sur laquelle le Royaume du Maroc exerce la gamme complète des pouvoirs reconnus aux entités souveraines par le droit international, à l’exclusion de tout autre territoire tel que celui du Sahara Occidental ».
La Cour a ajouté que l’inclusion du Sahara Occidental enfreignait les règles du droit international, « notamment le principe d’autodétermination, rappelé à l’article 1er de la charte des Nations unies, et le principe de l’effet relatif des traités », soulignant que « l’Union ne saurait valablement partager une intention du Royaume du Maroc d’inclure le territoire en question dans le champ d’application dudit accord » .
Autrement dit, le Sahara Occidental n’est couvert par aucun accord aérien de l’UE.
Il n’y a aucun cadre juridique en place pour régir les services aéroportuaires commerciaux entre l’UE et la dernière colonie d’Afrique.
Dans une lettre envoyée, en 2020, par la direction générale de la mobilité et des transports de la Commission européenne au député irlandais Ciaran Cuffe, la Commission européenne a précisé que le Sahara Occidental n’est couvert par aucun accord aérien de l’UE et qu' »aucune négociation n’est envisagée pour inclure le Sahara Occidental dans un accord aérien ».
Pourtant, certaines compagnies aériennes de l’UE proposent toujours des vols vers le Sahara occidental, inscrit sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes.
Selon l’Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW), ces compagnies opèrent « en dehors de tout cadre juridique ».
La réponse du commissaire européen risque de soulever l’ire du Makhzen qui exerce, ces derniers mois, de pressions énormes sur le gouvernement espagnol pour obtenir la cession de l’espace aérien du Sahara occidental au profit du Maroc, une question d’une importance stratégique et économique majeure pour l’occupant marocain.
Les avions qui survolent le Sahara occidental, l’une des routes les plus fréquentées par les compagnies aériennes reliant l’Europe à l’Amérique du Sud, sont sous le contrôle des autorités espagnoles et mauritaniennes du trafic aérien.
Cela inclut également les avions militaires marocains opérant dans cette zone.
« Et c’est là, une des clés de la demande marocaine », expliquent des sources politiques au site d’actualité espagnol « OKDIARIO ».
L’Espagne contrôle le trafic aérien au Sahara occidental depuis le centre situé aux îles Canaries et perçoit des frais pour chaque vol surveillé.
Chaque aéronef transitant par cette zone doit informer le Centre de Contrôle de Trafic Aérien de l’aéroport de Gando, où opère également l’armée de l’air espagnole.
Cela inclut aussi les avions militaires marocains qui, « comme le reconnaissent les contrôleurs aériens, ne communiquent pas toujours leurs activités », ajoute le site espagnol.